Malgré la guerre de Troie, les Amazones restent fidèles à leurs traditions, en particulier la fête des fleurs. Ce rituel a pour but de capturer un maximum d'hommes (qu'importe leur nationalité) afin de s'accoupler avec eux en vue d'enfanter pour donner vie à de nouvelles Amazones. Évidemment, les hommes choisis n'en sortiront pas indemnes, les Amazones partageant de nombreux points communs avec les mantes religieuses. Astérie, accompagnée de plusieurs de ses femmes, part à la rechercher de futurs esclaves. Leur reine Penthésilée rêve quant à elle d'une autre vie et de rencontrer un homme, mais l'amour le vrai. Cependant, balayer la haine des hommes, héritée de leurs aînées, ne sera pas une sinécure, quand bien même l'élu serait le demi-dieu Achille.

La scénariste Géraldine Bindi a longtemps enseigné les lettres au lycée. Lors de la rédaction d'un mémoire sur l'Iliade, elle a eu l'idée de concevoir Le coeur des Amazones, un récit inspiré de l'histoire d'Achille et Penthésilée, et décrivant un amour impossible, puis le courage des Amazones venues aidant les Troyens face aux Grecs. Plus généralement la trame aborde une guerre des sexes qui espère sa fin. La violence apparaît tant guerrière que psychologique, où les femmes luttent avant tout pour conserver leur liberté. De ce point de vue, l'ouvrage en dit beaucoup sur l'époque actuelle. Le dessin signé Christian Rossi est époustouflant. Les personnages sont bien réalisés, le découpage s'avère d'un grand dynamisme et la mise en couleurs étonne avec un choix très restreint de teintes.