Frédérique Benoît (Ji-min Park), que tout le monde appelle Freddie, a été élevée par des parents adoptifs en France. À l'âge de 25 ans, elle retourne pour la première fois dans son pays natal, la Corée du Sud, et part, après quelques hésitations, à la recherche de ses parents biologiques. La rencontre avec son père (Kwang-rok Oh) et sa famille tourne cependant à la déception. Les barrières culturelles et linguistiques sont trop importantes. Pendant ce temps, sa mère biologique ne veut pas entendre parler de Freddie. La jeune femme décide donc de rester sur place pour le moment et d'attendre. Deux ans plus tard, Freddie est totalement immergé dans la vie nocturne de Séoul et se perd entre les nuits de fête et les rencontres éphémères. L'une d'entre elles est l'homme d'affaires français André (Louis-Do de Lencquesaing), qui travaille pour l'industrie de l'armement et pour lequel Freddie a été engagée avec succès comme intermédiaire international cinq autres années plus tard. De là, le chemin est encore long jusqu'à ce qu'elle se réconcilie avec son père, rencontre sa mère et finisse par se retrouver elle-même.
Certains films ne prennent pleinement vie que grâce à la vitalité de leurs interprètes. Le deuxième long métrage de Davy Chou en tant que réalisateur en fait partie, et c'est ce qui fait de "Return to Seoul" un bon film. Park Ji-Min, l'actrice principale de Chou, est tout simplement si agile, si présente, si entraînante et - bien qu'il s'agisse d'une femme - si virile, qu'il est impossible de se soustraire à son charme. Il est difficile de croire que Park livre ici son premier film, tant elle est rompue à tous les registres de son métier. Et c'est à juste titre qu'elle a reçu des nominations et des prix dans plusieurs festivals de cinéma. Mais une performance époustouflante ne suffit pas à faire d'un bon film un excellent film. Heureusement, "Return to Seoul" a encore plus à offrir. Si la débutante peut jouer avec autant d'insouciance, ce n'est pas seulement grâce à la mise en scène de Chou, mais aussi à son scénario. Chou a écrit un personnage principal féminin dont beaucoup d'actrices ne peuvent que rêver et dont il y a certes plus, mais toujours trop peu au cinéma. Frédérique Benoît aka Freddie est complexe et compliquée. Tantôt elle s'emporte, tantôt elle est abattue ; tantôt elle contamine les autres avec son énergie, tantôt elle les heurte avec son manque de tact. C'est une égoïste qui calcule froidement, mais derrière sa carapace dure sommeille le noyau mou d'une personne blessée à la recherche d'elle-même. Un être humain aussi complexe que la vie et dont le public ne prend pas seulement toutes les forces, les faiblesses, les erreurs et les vices, mais qui donne aussi l'impression d'avoir déjà plusieurs vies derrière lui.
Le premier long métrage de Davy Chou, "Diamond Island" (2016), traitait déjà de la patrie et de l'identité. Il raconte la quête de sens de Freddie de manière elliptique et avec un long souffle. Le public du cinéma suit la protagoniste, qui porte en elle les traits d'une antagoniste classique, sur une période de huit ans. Au cours de ce voyage, le réalisateur met en scène son personnage principal dans des plans subtilement composés qui ne révèlent jamais tout. Pendant ce temps, Ji-min Park, dans le rôle de Freddie, donne tout ce qu'elle a et offre aux spectateurs, entre autres, l'une des danses les plus marquantes de l'histoire récente du cinéma. Son personnage évolue, en particulier dans les scènes nocturnes, à travers des plans à couper le souffle, toujours propulsé par une musique dominée par les percussions. Ce qui se passe entre les sauts dans le temps n'est compréhensible que par le contexte, tout comme le public doit beaucoup lire entre les lignes pour comprendre chaque détail. Le fait que l'on ne comprenne pas tout au premier, voire au deuxième ou au troisième visionnage, n'est pas un inconvénient, mais un des avantages de ce film. Davy Chou a réussi l'un de ces drames qui s'améliorent au fur et à mesure qu'on les revoit, car on y découvre toujours quelque chose de nouveau. Dès le début, Freddie donne le ton. Le monde est plein de signes que l'on ne reconnaît que lorsqu'on a appris à les lire, dit-elle à deux connaissances passagères dans un bar. La peur est l'un d'entre eux. Il faut au total 33 ans à Freddie pour apprendre à lire ses propres peurs. A la fin de son voyage à la découverte de soi, elle est arrivée chez elle et a enfin trouvé la paix.
VERDICT
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Le drame de Davy Chou sur une jeune femme à la recherche de ses origines est un véritable voyage à la découverte de soi. Photographie, mise en scène et interprétation de premier ordre, avec une actrice principale dont on se souviendra longtemps. Viscéral, émotionnel, captivant !