Réalisé par Pierre Jolivet.
Les sujets sanitaires sensibles que l’Etat met sous le tapis ne manquent pas. Il faut savoir ménager les gens influents après tout ils ont assez d’argent pour faire élire quelqu’un. Et puis quand les lobbyistes peuvent tranquillement s’installer au sein même du parlement européen ou de l’assemblée nationale, il est normal de faire en sorte qu’ils se sentent heureux. Ils font en sorte que beaucoup de lois soient votées pour l’intérêt de leur client et non du citoyen. Alors quand quelques personnes commencent à faire remonter ce fameux problème d’algues vertes sur des plages bretonnes, une décision se prend : ne rien dire. Et surtout faire la politique de l’autruche, discréditer et mettre la pression sur tous ceux qui oserait mettre en avant un problème sanitaire qui pourrait être grave. Mais pourquoi pourrait-on se demander ? Beaucoup de bretons ont pu voir ces grandes marées vertes recouvrir leurs plages et au pire le sentir ? Cela amènerait des questions comme pourquoi ces algues arrivent-elles depuis les années 70 alors qu’avant il n’y avait rien ? Pourquoi est-ce que cela se trouve en Bretagne et pas ailleurs ? Pourquoi le phénomène dure-t-il plus longtemps d’année en année ? Les réponses risquent de déranger une industrie de la productivité qui veut rester tranquille dans ces profits. La réponse se trouve en effet dans le cochon, plus particulièrement ses déjections. Comment sont traités les productions anales riches nitrates ? Une partie en déversement dans la mer agissant en superfertilisant des algues, lesquelles, en pourrissant sur les plages, produisent des poches de sulfure d’hydrogène (H2S). Cette brave petite bête est produit dans des usines de rendement à haut niveau en France. La Bretagne est LA région qui « élève » le plus de ces bestioles. Et ils ne sont pas nourris d’amour et de produits sains. L’objectif est de produire toujours plus pour vendre plus. La qualité n’est pas un critère, vendre de la cochonnerie, ça rapporte et c’est tout ce qui compte. Alors se crée avec les élus, les politiques, les représentants de la FNSEA, des associations agricoles bretonnes soutenus par de très riches patrons d’entreprises et un très ensemble de structures étatiques un système de subvention, d’aide pour faire des usines à bestiaux. Quand un plan algue verte se met en place on donne de l’argent sans contrepartie. Faire des lois, c’est bien toutefois les faire appliquer est tout autre chose. Il ne faudrait pas contrarier ceux qui veulent une hausse du PIB. Et beaucoup d’agriculteurs tombent dans une spirale où ils doivent faire toujours plus pour gagner de quoi être rentable. Ils choisissent les produits, les animaux, les marques recommandés… Gare à celui qui veut s’éloigner du troupeau car ils peuvent risquer d’avoir des produits périmés qui peuvent intoxiquer leurs bêtes ou attendre très longtemps l’autorisation pour prendre de nouvelles bêtes. Certains arrivent à s’en sortir en changeant de modèle économique et favoriser les circuits courts.
Des médecins, des habitants, des scientifiques prennent de plus en plus la parole pour se faire entendre. Ils veulent protéger les gens, les animaux et la nature de cette marée qui ne cesse de détruire sur son passage. En effet, les plages doivent être nettoyées chaque jour, mais cette algue va dans des endroits inaccessibles pour des tracteurs. Il faut informer et essayer d’enrayer la cause. Une cause que les représentants des agriculteurs réfutent. Pour eux, se sont plutôt du côté des bigorneaux ou des déchets de la population qu’il faut chercher. L’agriculture intensive n’est pour rien dans ce phénomène. Pour eux, on veut discréditer de braves travailleurs qui ont un dur labeur. Sans oublier bien entendu l’impact touristique. Qui voudrait venir se balader et se baigner dans des endroits pleins de produits toxiques et mortelles ? Des voix raisonnent pour faire bouger les choses. Même si l’omerta est très forte et influente, le sujet n’est plus rangé aux anonymes absents. Cette long métrage, adapté d'une bd d’investigation, montre l’importante du sujet et des jeux d’influence. Inès Léraud trouve toutes les informations éditées sur ce sujet qu’importe que cela soit un article de presse, une interview à la radio ou un compte rendu de réunion. Elle recueille pendant 3 ans tous les éléments, va à la rencontre de ceux qui aussi bien dénoncent que ceux qui crient au mensonge. Tout tant à prouver les liens de complicité pour garder le silence. Que vaut la vie de quelques personnes et animaux face à de l’argent ? D’autant plus quand on remonte tout en haut de pyramide du pouvoir. Il faut toujours se demander à qui profite le crime. Après il reste à savoir si vous voulez vraiment avoir la réponse. Car au final, elle risque de pas forcément plaire. On se sent tout petit face à ce serpent à queue si puissant. Le scandale sanitaire revient sur le devant de la table avec ce récit qui a été un véritable succès de librairie. Mettre en image, donne une autre dimension que seulement faire un essai. Car dès que l’argent est dans la balance, tout le reste vaut peau de balle. Les différents événements se croisent ou se chevauchent, rendant la chronologie un peu chaotique. Qu’importe, le constat est effarant et reste le même : toutes les preuves du monde ne font pas le poids face aux enjeux économiques. Les multiples intervenants – défenseurs et accusés -, ont droit à la parole, cela fait donc beaucoup de personnages. L’abondance des faits, des acteurs et le ton froid rendent le visionnage un peu lourd, il conviendra de faire quelques pauses pour ne pas que l’indigestion surgisse. En effet, plus de concision aurait allégé le propos, sans pour autant perdre de son impact. Il faut de toute de manière saluer cette volonté de dénoncer la bêtise et l’avidité humaine qui frisent l’inconscience.
VERDICT
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Comme Dark Waters, Erin Brockovich, Silkwood ou Promised Land, une nécessaire film pour informer le plus grand nombre sur un scandale écologique parmi tant d'autres. Vous saurez tout pourquoi personne ne prend vraiment le dossier algue verte par la racine.