Luis a 18 ans et ne trouve pas d'autre solution pour assurer un avenir digne à lui-même et à sa mère malade qui a besoin de soins coûteux que de s'inscrire à l'Académie militaire nationale du Mexique. Pour ce faire, il se prépare à une période de formation rigide, inévitable s'il veut être admis dans cette brigade exclusive, exigeante et élitiste. En effet, la structure prévoit un système inflexible d'acheminement des recrues, sciemment conçu pour faire des cadets de vrais soldats, froids et parfaits. Mais pour atteindre cet objectif ambitieux, Luis doit perdre toute retenue et ne penser qu'à lui-même, repoussant les limites que son caractère lui impose. Il est confronté au défi que représente la présence d'un caporal qui semble avoir un comportement amical, mais qui s'avère être un homme très inamical et peu digne de confiance.

Heroico, de David Zonana, explore un monde d'impositions et de règles conçues pour plagier les esprits et les corps et les réduire à une obéissance aussi efficace que servile et aveugle. L'occasion aussi pour le talentueux réalisateur de faire le point sur la violence qui sévit chez les jeunes et au sein d'une société comme le Mexique d'aujourd'hui, particulièrement exposée au conditionnement et à l'absence de scrupules de ceux qui réussissent grâce à leur capacité à s'imposer aux autres par le pouvoir de la séduction et des fausses promesses. Il dénonce que bien qu'elle soit le seul salut pour les citoyens des classes inférieures, l'armée de son pays est devenue un enfer, où règne la déshumanisation. Dès le début, il montre des situations aberrantes en séquence, dans la lignée des moments les plus terrifiants des films hollywoodiens tels que Full Metal Jacket et The Iron Sergeant. L'authentique ancien cadet Santiago Sandoval Carbajal tente de refléter la transformation progressive de son personnage en une « machine à tuer » sans sentiments. Tout ce dont nous serons témoins à travers les yeux de notre protagoniste n'est rien d'autre qu'une réalité qui existe depuis des générations, un cercle vicieux qui ne s'est malheureusement pas arrêté. À un moment donné de l'intrigue, nous pouvons nous interroger sur ce qui se passe car on utilise le facteur de distorsion de la réalité, où il n'y aura aucune certitude quant à savoir si l'événement qui se produit est du point de vue de Luis, dont la santé mentale est peu à peu affectée après son séjour dans cet endroit.