Ida Plate-forme : DVD Date de sortie : 01 Juillet 2014 Editeur : Développeur : Genre : film Multijoueur : Non Jouable via Internet : Non Test par Nic0078/10 Réalisé par Pawel Pawlikowski. Pologne, 1962. Avant de prononcer ses vœux, une jeune orpheline quitte le couvent où elle a été élevée pour tenter de comprendre ce qui est arrivé à ses parents durant l’occupation nazie. Savoir qui l’on est, revenir sur les traces de son passé, prendre conscience à quoi et à qui il faudra renoncer avant de prononcer ses vœux, donnant ainsi plus de force et de vérité à son engagement. Être capable de pardonner aussi. Pawel Pawlikowski mêle habillement l’histoire intime à l’histoire de la Pologne dans ce très beau film, parfois limite esthétisant. Certains cadrages sont volontairement trop hauts et décalés, comme si les personnages demeurent toujours un peu hors-champ de la vie, comme si quelque chose de plus grand les réduit parfois à de simples figurations, comme si finalement notre emprise sur le réel était à ce point réduite que nous ne pouvons que disparaître de l’image. Si Ida est très bien interprétée par une jeune femme de 19 ans au visage encore juvénile (Agata Trzebuchowska, étudiante en philosophie et en histoire de l'art dans le civil), c’est avant tout sa tante (joué par Joanna Kulig) - surnommée Wanda la rouge - qui m’a le plus remuée tant son personnage est tout en ambigüité, en blessures, en contradictions perpétuelles. Si Ida est constante, sereine, d'un calme olympien et d'une force à toute épreuve, sa tante Wanda est au contraire une femme rude, un peu ogresse et monstrueuse à la fois, tout en étant dévastée de l’intérieur. Une ancienne victime de l’antisémitisme polonais qui s’est transformée, en tant que procureur de procès staliniens dans les années 50, en bourreau communiste au service de l’État. Par idéalisme ? Ou par vengeance ? Envoyer de nombreux innocents à la mort se révélera infiniment plus destructeur que réparateur. Ida est un film épuré, aux émotions retenues et enfouies, sur la complexité de l'histoire humaine, l'identité, la foi et le pardon. Pawel Pawlikowski aura mis de temps pour réaliser ce premier long métrage dans son pays natal. Mais le fait de vivre aujourd'hui à Varsovie, ville qui l'a vu naître, lui a donné le sentiment d'avoir enfin une certaine légitimité pour franchir ce cap. Gageons qu'il n'en restera pas là et qu'il continuera à filmer ce pays "plein de mystères et de contradictions". VERDICT-Un beau film de toute évidence, plastiquement superbe et d’une sobriété qui colle à son sujet grave : une Pologne meurtrie. L’humilité du cinéaste face à ce grand sujet est à la fois la force et la faiblesse du film : elle évite l’emphase du film à thèse mais la représentation de cette Pologne ne dépasse jamais les attentes qu’on pourrait en avoir. Ce qui transcende ce tableau c’est bien les deux portraits féminins (formidablement habités et toujours magnifiquement photographiée). |