L'intrigue raconte comment le grand inquisiteur âgé, Tomas de Torquemada, issu d'une famille de juifs convertis au catholicisme quelques générations auparavant, traquent les hérétiques. Torquemada avait promit à Isabelle de Castille, que lorsqu'elle deviendrait reine, elle ferait de sa principale tâche de châtier et de détruire les hérétiques. Il a ensuite commencé à lui enseigner les avantages politiques de la religion pour préparer la voie à ce formidable moteur entre les mains de l'État, l'Inquisition. Isabella a accédé au trône en 1474, à la mort de Henri IV. Torquemada avait toujours été fort dans ses conseils pour amener Isabelle de Castille à épouser Ferdinand d'Aragorn et ainsi réunifier l'Espagne. Torquemada voyait les Juifs, les Sarrasins, les hérétiques et les apostats errant à travers l'Espagne comme le principal obstacle à l'union politique des royaumes d'Espagne. En 1479, un projet de loi papal autorisait la nomination de deux inquisiteurs à Séville. Afin de ne pas confondre les innocents avec les coupables, Torquemada a publié une déclaration offrant grâce et pardon à tous ceux qui se sont présentés devant le tribunal et ont avoué leur faute. Certains ont fui le pays, mais beaucoup se sont proposés pour la réconciliation. Au cours des dix-huit années au cours desquelles Torquemada a été inquisiteur général, 10 220 personnes auraient été brûlées, 8 660 autres condamnées, et 97 321 personnes "pardonnées", ce qui donnerait une moyenne de 6 000 condamnations par an. Le flot constant de pétitions à Rome a cependant ouvert les yeux du pape aux effets de la sévérité de Torquemada.

Incapables de résister à la colère des dominicains, Ferdinand et Isabella ont publié un décret qui ordonnait à chaque Juif soit d’adhérer au christianisme, soit de quitter le pays, quatre mois étant prévus pour se décider. Mais cela ne suffisait pas pour l'inquisiteur général, qui donnait des ordres interdisant aux chrétiens, sous de lourdes peines, de communiquer avec les Juifs ou, après le délai de grâce, de leur fournir même les nécessités de la vie. L’ancienne interdiction empêchait les Juifs de vendre leurs biens, qui étaient donc du ressort de l’Inquisition. Le nombre de familles juives chassées du pays par Torquemada est estimé à 800 000 environ. La perte en Espagne était énorme.  Cet ouvrage, préfacé par Jean-Pierre Dedieu (historien spécialiste de l'Histoire de l'Espagne et de l'Inquisition espagnole).  Bernard Swysen pèse ses sources de manière exemplaire, ce qui revêt une grande importance pour un sujet aussi important. Les illustrations de Marco Paulo, spécialisée dans les BD humoristiques (Les Tuche, La Smala) sont plutôt réussis et apportent un peu de douceur à ce terrifiant récit, le caractère humoristique des personnages contre-balance la dureté de l'histoire.