Scénario et dessin : Alain Dodier
Par l'intermédiaire de son ami le prêtre Arthur, Jérôme K. Jérôme est présenté à la baronne Barbier de Conches. Son fils, un médecin bon à rien, toujours à court d'argent, a été kidnappé. Ensemble, ils regardent une vidéo sur smartphone sur laquelle il est assis bâillonné sur une chaise. Son ravisseur demande une rançon de 100.000 euros. La baronne est à terre. Elle ne peut pas croire que son propre fils se moque d'elle. Mettre en place un faux enlèvement ? Simuler des larmes pour s'emparer de son argent ? À quelle profondeur une personne peut-elle tomber ? Il faut dire qu'il l'avait déjà volé en remplaçant l'impressionnante collection de montres de luxe de son mari par des contrefaçons ordinaires. Mais pour éviter à cet idiot d'avoir des ennuis, la baronne ne veut pas appeler la police. Jérôme devra gérer cette affaire.
Contrefaçons est encore une fois un Bloche typique. La subtilité de l'histoire est révélée au prix d'une lecture attentive, l'approche des aventures de notre détective de quartier reste simple, petite, humaine et locale, pourtant le puzzle est incroyablement bien monté à chaque fois. De plus, le dessinateur-scénariste Alain Dodier ne recule jamais, non, jamais sur une solution deus ex machina ou autre. Pour le rendre encore plus complexe, ses histoires racontées de façon linéaire se déroulent dans un court laps de temps. C'est souvent une étude de quelques jours seulement, dans laquelle Bloche trouve la solution avec une enquête approfondie classique sans l'aide d'une fantastique base de données fournie par un sympathique policier. Les quelques pages sur lesquelles la baronne parle de l'enlèvement montrent le véritable pouvoir scénaristique de Dodier. Chaque détail est pensé et introduit discrètement dans les dialogues ou les dessins de manière si désinvolte que vous ne remarquez que vous aviez la solution sous le nez qu'après une relecture. C'est la même chose dans les dessins, au cours des quinze dernières années, Dodier a pris son temps et ne se laisse plus contraindre par le nombre de pages. Plus que jamais, vous vous plongez dans la vie quotidienne du détective maladroit. Vous le voyez manger, marcher et dormir. Une fois de plus, l'un des secrets personnels et brumeux du détective est révélé. Lorsqu'il est fatigué, Jérôme semble s'endormir rapidement. Cette révélation banale transforme tout un album en une petite pièce de théâtre charmante.
Du point de vue graphique, nous avons appris à connaître Dunkerque sous le bout des doigts, rien n'est laissé au hasard. Dodier prend des milliers de photos pour préparer la bande dessinée. Tout ce que vous voyez existe vraiment quelque part. Par exemple, le couloir de l'appartement du fils de la baronne est celui de l'appartement de Dodier. Cela ne nous surprendrait pas si même le nombre de briques était correct. Quelle que soit l'importance du rythme de la bande dessinée, chaque image doit se tenir seule. S'il faut quelques millimètres supplémentaires qui perturbent la disposition logique des feuilles, qu'il en soit ainsi. C'est ainsi que des pages à structure de gaufrier apparaissent partout dans l'album qui donnent une première impression d'imperfection grâce à leur quête de perfection.
VERDICT
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Une nouvelle affaire de Jérôme K. Jérôme Bloche qui démontre toute son intérêt au fil des pages. Si vous freinez un peu la lecture, vous découvrirez un perfectionnisme profondément enraciné à travers les pages et leur mise en scène.