Réalisé par David Cronenberg.
Saul Tenser (Viggo Mortensen) fait partie de ces personnes qui se voient soudainement pousser de nouveaux organes. Avec sa partenaire Caprice (Léa Seydoux), il utilise ces mutations pour un spectacle artistique dans lequel le duo présente une opération en direct devant le public. Saul attire l'attention d'un organisme gouvernemental d'enregistrement des organes, dirigé par le chercheur Wippet (Don McKellar) et son assistante Timlin (Kristen Stewart), ainsi que d'une organisation clandestine.
Le Canadien David Cronenberg, né en 1943, est considéré comme un maître du body horror grâce à des œuvres de genre comme "Scanners" (1981), "Videodrome" (1983) ou "La Mouche" (1986). Alors que ses travaux des deux dernières décennies se situaient plutôt dans le domaine du film dramatique (souvent avec des éléments de polar et de thriller), "Crimes of the Future" peut en quelque sorte être interprété comme un retour aux sources. Le titre est même emprunté à une œuvre de jeunesse du scénariste et réalisateur, écrite en 1970. Lorsqu'au début, un enfant mange une poubelle en plastique et que sa mère réagit de manière extrêmement radicale, notre attention est certainement éveillée. L'intrigue et sa mise en œuvre présentent quelques idées intéressantes. Ici, les objets (comme les lits) ont à la fois quelque chose de mécanique et d'organique, tandis que les corps servent d'objets d'observation ou de recherche. Il est question d'évolution et de la fusion entre l'art, la science, le sexe et les blessures (corporelles) : "Surgery is the new sex", dit-on à un moment donné. Le tout se déroule dans un environnement austère, couvert de graffitis, un monde dystopique minimaliste dans lequel la sensation de douleur est devenue une rareté. L'effet captivant des précédents films de Cronenberg ne se manifeste que rarement - la relation avec les personnages et leur réalité reste trop distante. Le vétéran de Cronenberg Viggo Mortensen ("A History of Violence"), qui se déplace la plupart du temps en toussant et vêtu de noir dans les coulisses, et sa partenaire à l'écran Léa Seydoux ("James Bond 007 : No Time to Die") ne développent pas, en tant que duo de performance artistique et couple d'amoureux, l'alchimie nécessaire pour créer de la tension dans les scènes communes. La rébellion du propre corps que traverse le personnage de Mortensen reste trop abstraite en tant que conflit. Outre les nombreux rôles secondaires qui restent assez pâles, Kristen Stewart ("Spencer") livre une performance très particulière dans le rôle d'une chercheuse ringarde qui ne parvient pas forcément à convaincre, mais qui se démarque tout de même.
VERDICT
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Une dystopie inhabituelle avec des idées décalées, mais qui laisse étrangement froid et qui est mitigée au niveau des acteurs.