Megan Twohey (Carey Mulligan) et Jodi Kantor (Zoe Kazan) travaillent comme journalistes au service d'investigation du célèbre New York Times. Elles sont intriguées par une information selon laquelle le fondateur du studio de cinéma (Miramax) Harvey Weinstein aurait agressé sexuellement des actrices et des employées de sa société. Et ce, pendant de nombreuses années et au vu et au su de certains autres collaborateurs de l'entreprise qui toléraient ce comportement. Les rapports sur l'actrice Rose McGowan, qui fait partie avec Ashley Judd des premières actrices à porter des accusations de harcèlement sexuel contre Weinstein, sont la pierre d'achoppement. Twohey et Kantor font tout leur possible pour amener au moins l'une des nombreuses femmes concernées à s'exprimer officiellement et à parler de l'injustice. La quête de la vérité commence.

L'actrice allemande Maria Schrader, qui s'est surtout illustrée ces dernières années en tant que réalisatrice, raconte dans son mélange de drame de reportage/révélation et de thriller le début du scandale Weinstein, qui a longtemps dominé l'actualité médiatique à partir de l'automne 2017 - et révélé un système criminel fait de chantage, de répression, de dissimulation, d'intimidation et de menaces. Schrader met en scène son film de manière rectiligne et en grande partie sans détours, à l'exception des scènes qui nous entraînent dans la vie privée des deux personnages principaux. La réalisatrice souhaite ainsi nous rapprocher de Kantor et Twohey, nous montrer leur quotidien entre travail et maternité, mais aussi leurs peurs et leurs doutes liés à leurs recherches. Nous n'avions pas besoin de ces moments, qui perturbent parfois un peu le flux narratif. Le contenu et l'enquête offrent suffisamment de suspense et d'émotions pour cela. Un point positif à souligner est que "She said" n'accorde presque aucune attention, en termes de temps d'écran, à l'accusé, le producteur légendaire et prédateur sexuel Weinstein. Une décision nécessaire et essentielle de la part de Schrader, ne serait-ce qu'en tenant compte du fait que les reportages sur ces actes sont régulièrement accusés d'accorder plus d'attention et d'intérêt aux auteurs qu'aux victimes. Weinstein lui-même n'apparaît qu'une seule fois dans le film, de dos. Au lieu de cela, "She said" met l'accent sur le travail d'enquête passionnant des journalistes (électrisantes : Carey Mulligan et Zoe Kasan) et sur la tentative des femmes d'inciter les victimes à parler. Dans certaines scènes, le film semble un peu plaqué et racoleur, comme s'il voulait imposer au spectateur certaines sensations et émotions. Néanmoins, les apparitions et les descriptions touchantes et bouleversantes des femmes ne laissent personne indifférent et apportent une contribution centrale à la mise en lumière du "système Weinstein". Dans le film comme dans la vie réelle.