Scénario : Valérie Vernay
Dessin : Mathieu Reynès
La toute jeune Maya se voit exclue de la maison de Léopold Baron (dit Le Baron) lorsque sa mère, employée malmenée par le propriétaire terrien abusif et brutal, se pend dans la cour du domaine. En se débattant, elle a mordu son maître, et on abat les chiens qui mordent pour éviter la récidive ! La jeune fille grandit alors dans les bois alentour, aidée par le jeune Markus, fils adoptif du patriarche, sauvageonne éprise de nature, de liberté et de colère... Jusqu'à ce que les insomnies de Baron ne se révèlent à nouveau, réveillant de vieilles blessures en sommeil.
Cet album vous révélera de jolies surprises, c'est certain. Débutant sur une histoire plutôt classique faite de patriarcat crasseux, de violence domestique et d'amour filial en souffrance assaisonné par une jeune fille aux airs de Mowgli en terre Française dans les années 1920, le récit se voit pimenté par des embruns de fantastique et de mythe classiques de terreur bien connus qui lui font prendre un tournant extrêmement intéressant. À la question de qui est vraiment la bête, la réponse est rapidement trouvée. Mais elle est un savoureux prétexte à démêler des relations complexes entre les personnages, imbriquées savamment les unes aux autres, et qui ne se régleront pas à l'amiable, comptez sur Mathieu Reynès pour ça. Valérie Vernay nous offre pour ce faire des pages de jours et de nuits entremêlées extrêmement belles où la férocité des bêtes n'a d'égale que celle des amours contrariées des hommes et de leurs travers. Dame nature, droite dans ses bottes, ne permet que peu les perversions humaines et leurs déviances et finit toujours par remettre les choses en ordre, jusqu'à ce qu'un homme ait le vrai courage de l'amour pour faire cesser la folie, quelles que soient ses raisons.
VERDICT
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Une belle fable métaphorique qui oblige à se plonger dans le regard profond de la bête pour en affronter une autre, bien plus dangereuse, vindicative et destructrice. Un très beau one-shot.