Quelle triste tragédie ! Il s'agit de l'esclave Chrysanthe qui a été l'éducatrice d'urgence de la petite fille d'un veuf pendant plusieurs années. L'homme doit fabriquer des bustes de femmes tous les jours pour gagner sa vie. Chrysanthe n'est donc pas seulement une enseignante, mais aussi une mère de substitution. Et tout cela sans gagner et sans pouvoir dépenser un seul centime. Pour échapper à la dictature dickensienne du sculpteur, elle va alors danser aux soirées Caviar de la Nuit d'Agrippa. Elle espère y gagner sa liberté. Mais la pauvre fille a l'air si mal en point qu'elle ne cesse de gémir sous la charge mentale. Oh là là ! Ces soirées ne font qu'accroître notre respect pour les sénateurs présents. Alors que les esclaves continuent de les épuiser physiquement et d'extraire jusqu'à la dernière goutte d'humidité de leur corps, ils parviennent encore à discuter entre eux de théories du complot. Oui, on ne s'amusait vraiment pas dans l'Empire romain. Heureusement, la scénariste Katia Even, spécialiste de ce genre de tragédies, s'est parfaitement imprégnée du thème. Les dialogues descriptifs combinés à l'angle dramatique nous détournent presque des dessins. Presque.

Le dessinateur Nicolas Guenet (Yiu, Magika,...) est en effet un bon dessinateur. Il rehausse le scénario captivant à un point tel qu'il nous faut presque prendre un mouchoir pour évacuer tous nos sentiments. Guenet laisse presque sans vergogne toutes les émotions éclabousser le papier. Nous avons tout de même une petite remarque anatomique à faire. Certaines parties du corps sont agrandies de manière assez disproportionnée. Pardonnez-nous si nous laissons ce commentaire sans distinction de sexe pour ne pas susciter de préjugés. Graphiquement, c'est un peu dommage car sinon nous trouvons que leur Inguinis parvient à représenter fidèlement l'époque romaine.