La Bête dans la Jungle
Plate-forme : DVD
Date de sortie : 05 Décembre 2023
Résumé | Test Complet | Images | Actualité
Editeur :
Développeur :
Genre :
film
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


7.5/10

Réalisé par Patrick Chiha.

Une discothèque comme trait d'union qui relie l'existence de deux jeunes de 1979 à 2004, année où un événement tragique est destiné à mettre fin à cette longue et profonde liaison aux caractéristiques insaisissables et presque mystérieuses. Le réalisateur  Patric Chiha  transpose très librement une histoire d'Henry James entièrement située dans une boîte de nuit parisienne, pour mettre en scène la nouvelle et fatidique rencontre qui réunit la belle et insaisissable May ( Anaïs Demoustier ) avec le timide et quelque peu plâtré John ( Tom Mercier ). Elle évolue sinueusement sur la piste de danse entre ses meilleurs amis qui semblent aussi la désirer sexuellement, et un petit ami qui ressemble plutôt à un confident ; l'autre, au contraire, entre et reste toujours immobile, impassible, comme s'il attendait que le phénomène qu'il attend depuis longtemps se manifeste enfin. Les conseils avisés de l'inflexible mais finalement maternel videur du club ( Béatrice Dalle ), ou les souvenirs du gardien des toilettes ( Pedro Cabanas ), désenchanté et inflexible comme une figure iconique évanescente, ne suffisent pas. Les années passent, entre les épidémies de sida et la chute des murs, la musique disco se transforme en techno, mais le phénomène attendu a tendance à tarder à se manifester et le destin des deux est obligé d'affronter ces aspects de l'existence qu'on ne peut pas prévoir, ni très souvent éviter.

Entrer dans une boîte de nuit et disparaître pour toujours. Entre un conte de fées d'Arrietta (raconté par la sorcière Dalle) et une brouille à la fin de Vecchiali. C'est le cinquième film de Patric Chiha, qui raconte l'histoire d'un vampire non-amoureux qui engloutit tout, le temps et l'histoire, entre les années 70 et aujourd'hui mais de toute façon, l'histoire n'existe pas. Les deux protagonistes vivent uniquement dans le film, disparaissent dans les ellipses et n'existent que dans les séquences tourbillonnantes et stroboscopiques de la discothèque. Les deux veulent attendre Godot, pour ne jamais s'aimer, ne vieillir jamais, attendre quelque chose (l'amour ? banal ; la bête ?) pendant que le mur de Berlin et les Twin Towers s'effondrent autour d'eux. Ce trou noir qui n'est qu'une obsession du vide oblige Chiha à revoir les enchaînements chronologiques, annulant les scènes, transformant le tout en décor, comme si les lumières de la discothèque n'étaient pas seulement les rayons d'un passé à retenir mais les phares de une scène aveuglante et insensée. Le disco fait tout oublier, et c'est une lente euthanasie du suicide collectif. Fondus, lumières, jeu affecté : La bête dans la jungle est un rêve irréel sur le désir de s'arrêter et de souffrir. A mesure que la disco devient techno, le jour et la nuit perdent leur sens et la vie et la mort ne sont plus qu'un plan séquence ou un montage.

VERDICT

-

La Bête dans la Jungle entraîne le spectateur dans un sous-bois mystérieux où les dangers ne semblent étouffés que par une musique persuasive et engageante qui n'éloigne que partiellement les pensées figées de deux amoureux incapables d'affronter leurs différences. Le film  de Chiha déstabilise et désoriente souvent, mais le pathos créé entre les deux beaux protagonistes, qui s'avèrent être le choix le plus approprié et le plus réussi du film, finit par galvaniser une recherche presque sadique qui reste toujours en équilibre et incapable de trouver un solution idéale à une histoire d’amour si parfaite qu’elle reste idéalisée.

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