Un musicien a-t-il été aussi mythifié que Robert Johnson ? Sa courte vie n'a produit que très peu d'enregistrements, et juste le seul véritable hit à la naissance de l'ère de l'enregistrement, mais ses pairs ont idolâtré ses talents prodigieux et toute une génération de rockers des années 1960 l'a vénéré sur son autel. Quelle carrière aurait eu Led Zeppelin sans l’orientation de Johnson ? Johnson est décédé en 1938, environ vingt ans avant sa redécouverte, et comme pour une grande partie de sa vie, il n'y a aucune certitude quant aux circonstances exactes. L'album se concentre sur les derniers jours du musicien, mais la narration nous ramène régulièrement en arrière, dans les songes et les souvenirs de Robert Johnson. Si on s'y perd parfois un peu, vu l'absence de transitions entre les rêves et la réalité, cela contribue à l'ambiance, et on ressent bien l'errance du personnage, au propre comme au figuré.

De temps en temps, une bande dessinée vous oblige à mettre une certaine musique. Comme Les derniers jours de Robert Johnson. Ce n'est qu'à ce moment-là que l'image est complète. Mais même ceux qui n'ont pas de disques de Robert Johnson à jouer à la maison peuvent être touchés par l'atmosphère que Frantz Duchazeau a déversée à la pelle sur ses dessins en noir et blanc. Il a dûment documenté la vie de son sujet Robert Johnson et l'histoire du blues, mais l'auteur a également fait ses devoirs sur le plan visuel. Il a créé un style de vie crédible pour le pionnier du blues. Le diable menait apparemment un troc animé de talents musicaux. Le dessin est fantastique. Ses planches soigneusement brossés sont à la fois lumineux et sombres et rappellent le travail de Robert Crumb sur cet autre pionnier du blues qu'est Charley Patton, ainsi que le travail de notre propre Peter Pontiac, qui est probablement en train de dessiner.