Réalisé par Bernardo Bertolucci.
A Seattle, des moines du Bhoutan demandent aux parents de Jesse Konrad d'accompagner l'enfant au Tibet, car il est peut-être la réincarnation du Dalaï Lama décédé quelques années plus tôt. Pour lui faire comprendre leur foi, ils lui donnent un livre qui raconte l'histoire du prince Siddharta, le Bouddha, l'Illuminé, qui est à son tour racontée pendant le film. Des « examens » effectués au monastère, il ressort que Jesse et deux autres enfants orientaux sont des réincarnations du Lama.
Il y a un retour en Extrême-Orient et nous sommes toujours sur le sol chinois, comme dans Le dernier empereur, mais à la différence de celui-ci, le point de vue n'est plus celui du gouvernement de l'empire (supplanté plus tard par la montée de la république), qui accentuait l'aspect contradictoire et paradoxalement souffrant des chefs d'État, avec beaucoup de fuites, d'embrouilles, et des implications politiques et historiques très fiables, mais il passe du côté d'une minorité ethnique qui est encore aujourd'hui victime d'exactions : les Tibétains, et plus particulièrement les moines bouddhistes. L'introspection au sein de leur culture est remarquable, mais elle est toujours un peu atténuée par une mise en scène plus légère que d'habitude, qui cherche, pour une fois, des moyens plus simples de raconter une histoire décidément complexe ; on pourrait y voir un défaut, ou une tentative de rendre plus vendable une œuvre qui devrait être beaucoup plus personnelle, mais tout compte fait, elle réussit parfaitement à ne pas déranger. Disons aussi qu'il est toujours agréable d'entendre les enseignements extraordinaires d'hommes pacifiques, qui vivent dans le respect et la compassion : tous les passages où le lama protagoniste du film fait preuve de patience et de compréhension à l'égard de la naïveté des enfants, et tous les passages où sa voix narrative pourrait être considérée comme une sorte de tentative de simplification du matériel narratif, devenant une sorte de renforcement des images, sont très beaux. Le double fil conducteur de l'histoire, même s'il est parfois inégal, est incontestablement intéressant : les douleurs et les désaccords qui entourent la société capitaliste, dans laquelle la dépression, le suicide, la pauvreté, la mort, etc. sont synonymes de mal, sont confrontés à une culture totalement pure, non contaminée et non contaminable, dont la conscience surpasse universellement toute forme de besoin terrestre. Certes, il n'y a rien d'original, et cela a certainement déjà été fait bien d'autres fois, mais malgré cela, la passion qui est mise au service d'une histoire qui n'est pas facile à porter à l'écran, ni même à faire digérer au public, reste vraiment appréciable. Une autre note de mérite doit nécessairement aller aux effets spéciaux, soignés dans les moindres détails, avant-gardistes, mis à profit et jamais abusés, ainsi qu'à la toujours magnifique bande originale de Sakamoto, une fois de plus à la hauteur.
VERDICT
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C'est un film imprégné d'une subtile veine mélancolique, plein d'humanité et construit avec des yeux d'enfant. La photographie et la scénographie sont splendides et le thème musical ne fait pas exception.