À un moment donné, le personnage principal se présente en utilisant son plat préféré. L’introduction fait partie d’une série d’apprentissages pour se connaître dans le bureau le plus ennuyeux que l’on puisse imaginer. Vous le remarquez immédiatement à cause des conversations informatiques barbantes, de l'intérieur gris et bien sûr des terribles cabines de bureau. Pas étonnant que Fran (Daisy Ridley) soit de plus en plus déprimée à cause de la routine. Et pour ne rien arranger, les choses ne vont guère mieux chez elle, ce qui conduit à une vie insupportablement monotone. Pourtant, il y a deux points positifs dans la vie de Fran : le pouvoir de ses propres idées et l'arrivée d'un nouveau collègue. Ce dernier, Robert, apporte immédiatement un peu de vie au bureau. Pas nécessairement à cause de sa personnalité, mais plutôt de la manière dont un chien peut s'enthousiasmer lorsqu'il rencontre un inconnu. C'est un nouveau parfum dans le morne bureau. Néanmoins, Robert possède une touche de charisme qui manque totalement à ses autres collègues. Robert apporte de plus en plus une touche bienvenue aux journées ennuyeuses de Fran. Et malgré sa personnalité réservée, ils sortent ensemble et commencent à s'apprécier. Cette première histoire d'amour n'est pas très spectaculaire, mais grâce aux deux personnalités différentes elle a juste assez d'originalité pour rester intéressante. Fran crée toute seule le deuxième point lumineux qui se déroule entièrement dans sa tête. Elle retombe alors dans ses pensées, d'une manière étrangement surréaliste. Parfois, elle pense à mourir, non pas parce qu’elle veut vraiment mourir, mais parce que sa vie est terriblement sans incident. Et parfois, elle pense aux serpents dans les arrière-boutiques. Les scénarios semblent souvent complètement aléatoires, de sorte que le but de ces rebondissements de pensée semble davantage échapper à la réalité. Un parallèle avec le cinéma apparaît bientôt, qui sera aussi pour beaucoup une évasion de la réalité. Les séquences surréalistes peuvent également être lues comme une protestation du cerveau humain contre la situation de travail monotone au bureau. Cette lecture est étayée par la référence aux fourmis dans la main du film d'avant-garde « Un chien andalou » (Luis Buñuel, Salvador Dalí).

Malgré ces deux points positifs, "La Vie rêvée de Miss Fran" accorde la plus grande attention à la vie grise de Fran et une vie aussi ennuyeuse nécessite également un style narratif quelque peu ennuyeux. Il est désormais possible de filmer un bureau de manière vivante, comme le démontrent « Le loup de Wall Street » et « Les hommes du Président ». Seuls ces films se déroulent dans des bureaux animés de Wall Street et dans la rédaction d'un grand journal américain, ce qui n'est pas le cas de ce long métrage. Même si la grisaille de ce bureau est bien rendue, elle est terriblement ennuyeuse, également pour le spectateur. Heureusement, les rêveries surréalistes de Fran sont également des points lumineux. De plus, contrairement à Fran, le spectateur peut apprécier l'ironie. En matière de cinématographie, une chose ressort : l’utilisation de la couleur. C'est un gris terne pendant les heures de bureau qui devient particulièrement coloré lors des rendez-vous avec Robert. De plus, les aspects techniques sont plus que bons, tout comme le jeu des acteurs. Daisy Ridley en particulier sait vraiment comment faire rayonner le vide avec succès. Il faut également mentionner ici la belle calligraphie de l’ouverture. Notez au passage que le film est proposé uniquement en VOST.