Ce premier volet d'un diptyque nous transporte dans une Égypte antique réimaginée, où le divin côtoie l'humain. Le récit se concentre sur la figure d'Isis, non pas comme une statue figée dans un temple, mais comme une héroïne de chair et de magie. L'album retrace son parcours initiatique : de sa naissance au sein du panthéon (fille de Geb et Nout) à son rôle de souveraine aux côtés de son frère et époux Osiris. Le titre "Celle qui a été" évoque sa mémoire millénaire et son statut de mère universelle. L'intrigue mêle habilement les luttes de pouvoir divines, notamment la jalousie croissante de Seth, et la quête d'équilibre d'Isis qui, par sa sagesse et son sens de la justice, tente de maintenir l'harmonie du monde.

Winona dépeint une Isis qui résonne avec notre époque. Elle incarne une puissance qui ne sacrifie jamais sa douceur. C'est une déesse magicienne qui utilise son savoir pour réparer le monde, faisant d'elle une figure de justice éminemment actuelle. Le dessin d'Emka est une invitation au voyage. Son trait souligne la sensualité des corps et la majesté des décors égyptiens. Les jeux de lumière sur le Nil et l'architecture des palais créent une atmosphère énigmatique et envoûtante, loin des clichés purement archéologiques. Ce n'est pas un traité de théologie, mais un récit dynamique. On y suit Isis dans ses voyages et ses épreuves, découvrant l'Égypte antique à travers ses yeux de déesse protectrice. "Celle qui a été" est une magnifique entrée en matière. C'est une bande dessinée qui flatte l'œil tout en nourrissant l'esprit. En choisissant Isis comme figure centrale, les auteures nous rappellent que les vieux mythes n'ont rien perdu de leur force. On ressort de cette lecture avec une fascination renouvelée pour cette déesse qui, malgré les millénaires, continue de veiller sur l'imaginaire des hommes.