Scénario : Mark Millar
Dessin : Simone Bianchi
Sharkey est un solitaire, mais il est bon dans son travail de chasseur de primes et extrêmement précis, c'est pourquoi il sait toujours garder la tête hors de l'eau avec chance et bravade. Mais arrive alors une mission qui pourrait remplir à jamais ses poches toujours vides et malgré le fait qu'il ait récemment pris sous son aile le petit Billy pour le conduire à ses proches, il accepte la mission. Mais ce qui promet beaucoup d'argent est notoirement difficile à tenir et Sharkey n'est donc pas le seul à suivre les traces de la cible. Mais alors que la première tâche est de se battre pour la prise du siècle, Sharkey et ses collègues chasseurs de primes - y compris son ex-femme - réalisent lentement que le travail pourrait être bien plus que cela et qu'il ne s'agit en aucun cas de trouver un dangereux terroriste. Pour Sharkey, se mettre du bon côté signifierait laisser la récompense de sa vie disparaître, et il en faudra pour que le flingueur grincheux se sente mieux...
Dans ce nouveau Mark Millar, nous sommes toujours à un niveau élevé de gémissements et l'histoire, qui comprend à nouveau six numéros, n'est pas mal du tout, mais aussi pas aussi innovante ou unique qu'on pourrait le penser, l'espérer ou le souhaiter. Sharkey, le chasseur de primes épuisé, toujours moite, mais jamais à court d'un dicton stupide, est une fois de plus un archétype tel qu'il est écrit dans le livre et il est inutile de dire à l'avance qu'il va découvrir son coeur d'or au cours de l'histoire. Millar a non seulement déjà livré des personnages bien plus excitants, complexes et surprenants, non, ses arguments de vente uniques se limitent essentiellement à sa couleur de peau violette - qui n'est jamais expliquée et n'a rien à voir avec l'histoire - et au fait qu'il voyage dans l'espace dans une camionnette de glace désaffectée, que l'on ne voit presque jamais. Il en va de même pour le compagnon de voyage involontaire de Sharkey, Billy, car le break, qui a obligé un solitaire grincheux à s'associer à un compagnon de voyage enfantin, naïf et effronté, n'est pas la première fois que vous en faites l'expérience. L'intrigue réelle, ainsi que la mission, qui parvient à Sharkey et promet de faire tomber ses soucis d'argent dans l'oubli, est assez divertissante et comporte un ou deux rebondissements, mais si vous ne lisez pas une bande dessinée Millar pour la première fois, vous trouverez beaucoup de choses qui sentent le vent contraire, d'autant plus que plus d'une fois (encore), on a l'impression qu'il ajoute consciencieusement quelques rebondissements auxquels on s'attend simplement. Donc, cela aurait été très bienvenu si Millar dans Sharkey the Bounty Hunter avait raconté une histoire un peu plus simple qui proposerait des personnages passionnants et originaux qui faisaient autrefois sa force.
Si vous recherchez une science-fiction fantaisiste et pop avec un accent sur l'action et quelques bons mots, vous ne serez pas mal servi ici, mais ce nouvel univers, ce monde dans lequel évolue Sharkey, Millar n'a pas su nous l'expliquer en détail et outre le fait que Sharkey est fondamentalement un bâtard cool, ni l'intrigue ni les personnages de Sharkey le chasseur de primes ne resteront longtemps en mémoire. Si au moins on pouvait s'attendre à une suite bientôt, et que ce n'est que la bande d'ouverture d'une série, mais puisque Millar a généré des concepts de séries de style BD pour Netflix dernièrement (quoi qu'ils fassent avec le matériel), il faut s'attendre à ce qu'il se consacre à un nouveau projet complètement différent et laisse Sharkey simplement rester Sharkey. Au moins visuellement, il n'y a pas à se plaindre et Simone Bianchi fait du bon travail en tant qu'illustratrice de l'histoire, même si le look coloré et branché n'est peut-être pas la tasse de thé de tout le monde, mais il devrait être l'un des arguments de vente uniques de la série. Cependant, ce n'est pas aussi innovant et original qu'on pourrait le penser, et l'approche de la création d'un espace-fantastique coloré ne concerne en fait que la palette de couleurs, car il y a toujours des combats et des morts sanglants et explicites, même s'il y a quelques idées folles, qui ne font pas de Sharkey le chasseur de primes une histoire à part entière. C'est aussi la raison pour laquelle chaque personnage que Sharkey rencontre est en fait un dispositif d'intrigue ambulant et plus ou moins nécessaire à la progression de l'histoire.
VERDICT
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Mark Millar propose avec Sharkey le chasseur de primes un autre one-shot en six parties, qui tente de marquer moins avec des innovations qu'avec les poncifs du genre. Il peut avoir l'une ou l'autre idée en tête, mais dans l'ensemble ce comics est très classique, ce qui s'applique aussi bien aux personnages archétypes qu'à l'intrigue.