Cécile est une adolescente qui a passé une dizaine d'années en pensionnat. Aujourd'hui, elle savoure le fait de passer du temps avec son père, Raymond, dans une villa qu'il a loué à Saint Tropez, accompagné de sa nouvelle compagne, Elsa, bien plus jeune que lui. Depuis qu'il est veuf, Raymond enchaîne les conquêtes sans lendemain, père et fille entretiennent une relation complice et mènent une vie insouciante, gaie, heureuse. Tout semble aller pour le mieux, jusqu'à l'arrivée d'Anne Larsen, une célèbre couturière à la personnalité plus sage, plus réfléchie, qui ne manquera pas de jeter son dévolu sur le paternel. Très vite, il tombe sous le charme de son hôte et délaisse Elsa. De son côté, Cécile vit une parfaite idylle avec Cyril, un étudiant en droit en vacances dans la région, avec qui elle découvre la sexualité. Anne voit d'un mauvais œil cette relation et décide de prendre en main l'avenir de cette gamine en congédiant le petit ami et en obligeant Cécile à travailler le rattrapage de son bac. Cécile sent que la vie douce et joyeuse que son père et elle avait est menacée.

"Bonjour tristesse" est le récit introspectif d'une jeune fille de dix-sept vivant avec son père, homme charmeur et coureur, où se succèdent, dans un style certes relativement agréable, de nombreux petits poncifs sur la vie amoureuse et ses péripéties. Cet ouvrage fut en 1954 un véritable best-seller (pour la "souplesse" des rapports sociaux, familiaux et amoureux, qu'il présente), et il faut noter que Françoise Sagan l'a écrit à seulement 18 ans. Cette histoire apparaîtra quelque peu dépassée auprès du public qui la découvre seulement en 2017. On y retrouve une adolescente insouciante - mais pas futile - qui, pour retrouver son père en exclusivité (et leur franche camaraderie qui est aussi une complicité de "jouisseurs"), va élaborer un plan pour éloigner sa maîtresse, en passe de devenir sa femme - le tout dans un décor de villa du Sud, sur-ensoleillée et lascive. Si l'impact intellectuel, psychologique, de ce texte sur le lecteur est donc sincèrement daté, il faut néanmoins louer la prouesse stylistique, au détour d'une page, dans des descriptions, des images, simples certes, mais dont la justesse fait le prix. Frédéric Beigbeder signe la préface de cette adaptation en bande dessinée signée Frédéric Rébéna. Tout en respectant les grandes lignes du roman, l'auteur se réapproprie avec talent son univers et nous propose un dessin lumineux où les femmes sont à l'honneur, en parfaite résonance avec un texte intriguant.