Sarah est la veuve de William Wirt Winchester, dont la célèbre compagnie domine l'industrie des armes. Depuis la disparition de son mari et de son fils, elle est hantée par les esprits des gens qui sont morts sous le feu de ses carabines. Elle décide alors de construire un vaste manoir, ne respectant aucun plan d'architecture, pour y accueillir de nombreux fantômes et tenter d'apaiser leurs âmes. Le docteur Price est sollicité par des actionnaires de la compagnie pour déterminer si l'héritière a toute sa tête ou si elle doit être remplacée en tant que dirigeante.

Les Spierig, fidèles à leur tradition germanique, aiment mettre en scène des personnages qui ont des facettes diamétralement opposées. L'affrontement entre les doubles apporte toujours un résultat tragique, sans échappatoire. L'ironie que les réalisateurs, frères jumeaux, reprennent cette approche ne nous échappera pas. L'histoire se base sur une simple anecdote : le psychiatre Eric Price est envoyé à la maison de Winchester pour réfuter la prétendue démence de Sarah Winchester. Si sa folie est prouvée, elle va perdre ses parts de la compagnie Winchester (celle qui fabrique les fameux fusils du même nom). La conception du film accorde une attention particulière aux possibilités que le nom Winchester apporte. Winchester en tant que compagnie américaine (celle qui a armé les troupes de l'Union pendant la guerre civile) n'est presque pas abordée, mais son influence manifeste sera présente dans le film, offrant une tournure fantastique avec la présence d'esprits qui honorent la maison Winchester, comme si les victimes des fameux fusils avaient décidé de se rendre tous dans l'immense bâtisse. La lutte entre le point de vue psychiatrique de Price et le spiritisme excentrique de Sarah Winchester est la pierre angulaire dans le symbolisme du film.