Scénario et dessin : Sergio Toppi
Fables Toscanes est un recueil de cinq nouvelles parues dans les années 80 à 2000. Ce sont des petites histoires poétiques, situées dans en Italie, à la frontière entre réalité et magie... Avec elles, Toppi arrive encore une fois à nous embarquer dans ses rêves avec la puissance de son dessin et son imaginaire débridé. "Les choses cachées" : Les peuples anciens sont en paix. Le mal ressurgit sous la forme d'un énorme sanglier. Les hommes se rassemblent pour tuer la bête. Le chamane sait bien que le désir de tuer dort d'un sommeil léger et ne demande qu'à se réveiller. Une bête meurt, une autre s'éveille. "Le manteau de Saint Martin" : 1258, des soudards massacrent des villages et dressent des bûchers pour combattre une hérésie naissante. Deux enfants s'enfuient dans la forêt, poursuivis par des spadassins. Ils pensent trouver le salut dans une chapelle isolée dédiée à Saint Martin. Ivres de sang, les soldats sont sur leurs talons. "Fable Toscane" : Dans un village toscan, au XIXème siècle, on est bien loin des changement politiques qui secouent l'Italie. Maître Domenico, le vieux menuisier du village, fait la classe aux enfants. C'est un brave homme tranquille, qui paye ses taxes et accepte les oeufs en paiement de son travail.Epuisé par une promenade, il s'endort sous un arbre. A son réveil, il trouve que bien des choses ont changé au village. Les gens ne le reconnaissent pas, le grand duc de Florence a été renversé, la monnaie n'est plus la même... Tout cela va lui causer bien des ennuis. "Quoi de plus banal qu'un incendie" : Une série d'incendies mystérieux se déclare dans une bourgade. La psychose s'installe, il faut trouver le coupable. "Roland viendra": Où il est question de paladin, de combats héroïques, de choc de civilisations, de magie, de traîtrise et de Roland, le sauveur qui se fait attendre... attendre... Roland viendra. C'est juste qu'il n'est pas prêt.
Nombre de grands dessinateurs italiens publiés en France dans les années 60 à 90 sont tombés dans l’oubli. Bien sûr, Hugo Pratt, Manara ou Mattotti sont toujours des stars. Et des auteurs comme Gipi, Grazia La Padula ou Andrea Serio préparent la relève. Mais qui se souvient encore de Liberatore, Crepax, Jaccovitti, Micheluzzi, Buzzelli, Battaglia, Bonvi, ... la liste est longue et on en oublie beaucoup. Sergio Toppi fait partie de ces artistes transalpins un peu oubliés. Et pourtant, quel talent ! Son dessin à la plume et au rapidograph, ultra détaillé, fouillé et parfois fouillis est époustouflant. Il explose les cases et revisite les codes de la mise en page classique. Chaque album est empreint de poésie ou d’un onirisme baroque. Chaque page est un tableau ou une gravure dont la puissance ne nécessite pas toujours de texte. Et le calme, la simplicité, de certaines scènes est contrebalancé par l’émergence de monstres, de personnages mythiques ou de guerriers magnifiques. Son Mille et une nuits (Sharaz-de) et sa série du Collectionneur sont des rêves merveilleux ou des cauchemars hallucinés mis sur papier. Dans chacune de ses œuvres, le chaos est là, parfaitement maîtrisé ; un chaos, une fantasmagorie et une exubérance que ne renieraient pas un Philippe Druillet.
VERDICT
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Un graphisme puissant et baroque, un imaginaire débridé et poétique... un très grand artiste à redécouvrir d’urgence grâce aux éditions Mosquito