Scénario : Didier Crisse
Dessin : Christian Paty
Résumé : Miss Kelly Penny, venue de Dublin remplacer l'instituteur parti à la retraite, va perturber la petite communauté en réveillant la vieille histoire d'une jeune et belle étrangère, disparue tragiquement des décennies plus tôt. En même temps, le comportement étrange de Padraig, l'agneau choisi pour la crèche vivante, inquiète nos bavards ovins, relançant une crise mystique au sein du troupeau.
Comment faire prendre conscience à un collectif ses erreurs, ses errances sans lui appliquer la loi du talion ? Crisse choisit volontairement d’écarter la voie revancharde pour orienter le discours de ses personnages dans une direction pacifique plus consensuelle, où la parole, l’empathie mutuelle et l’échange constructif finissent par redonner du sens au personnage en quête de vérité pour mettre un terme à sa douleur. Cette parole qui a conduit l’héroïne à la situation dans laquelle elle se retrouve lui permet alors de tourner la page, de faire son deuil sans provoquer de remous insidieux, vicieux, voire sanglant. Au cours de ce deuxième épisode, les animaux du pré vivent également une histoire parallèle (liée d’une certaine manière avec celle des humains) avec leur propre sensibilité. En écho aux situations concrètes des humains, ils vivent pour leur part les événements de façon quasi transcendantale, en communion avec des éléments invisibles. Comme une révélation. Leur vision beaucoup plus mystique, à travers laquelle pourrait survenir moult drames liés au pouvoir naissant (et sans contrôle) d’un adorable agneau, tranche, par son irrationalité et ses conséquences induites, sur l’enjeu humain. Pour l'instant, tout se passe comme si une bonne fée veillait sur ce microcosme rural pour l’apaiser constamment ou contenir les pulsions négatives qui bouillonnent sur le calme apparent de la campagne irlandaise. Les couleurs vives et enveloppantes (malgré l’hiver) du dessin de Christian Paty font tout le sel de l’atmosphère de cette aventure campagnarde, calme et dépassionnée.
VERDICT
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Une série aussi étrange par son décalage de ton, qu’attachante dans sa délicieuse forme graphique. Une vengeance douce.