L'âne EO se produit avec l'artiste Kasandra (Sandra Drzymalska) dans un cirque polonais. Des protestations conduisent à ce que l'âne et tous les autres animaux quittent le cirque. C'est ainsi qu'il se retrouve, entre autres, dans une écurie, dans une ferme et dans un palais italien où réside une comtesse (Isabelle Huppert).

Dans sa nouvelle œuvre "EO", le cinéaste polonais Jerzy Skolimowski ("Deep End"), né en 1938 et actif sur la scène internationale depuis de nombreuses années, fait d'un âne le personnage principal pour parler de son pays natal. Cela fait bien sûr inévitablement penser au chef-d'œuvre de Robert Bresson "Au hasard Balthazar" de 1966, dans lequel un âne passe lui aussi par différentes étapes de sa vie - entre autres comme attraction de cirque et comme aide pour les criminels. Skolimowski livre aujourd'hui une réinterprétation ambitieuse du sujet, qui reprend la sensibilité de l'original et sa précision dans la description du milieu, mais qui se distingue nettement, sur le plan formel, de la vision du Français Bresson, tournée presque sans accompagnement musical et en images en noir et blanc. Le film, dont le titre "EO" correspond au son animal "Hihan" utilisé en français, commence déjà sur le plan artistique caractéristique de Skolimowski, entre rêve et réalité - sur une piste de cirque baignée d'une lumière rouge scintillante. La relation étroite entre l'artiste bienveillante Kasandra et l'âne à l'air mélancolique suscite rapidement la compassion - ce qui rend leur séparation soudaine d'autant plus pesante. Nous suivons l'âne chétif sur un chemin souvent éprouvant. Skolimowski et son caméraman (principal) Micha? Dymek saisissent - avec le soutien de la partition envoûtante de Pawel Mykietyn - l'élégance des chevaux au trot et au galop, tout en gardant constamment à l'esprit la souffrance des animaux. Dans la représentation des hommes, le scénario, que Skolimowski a écrit en collaboration avec Ewa Piaskowska, trouve un équilibre habile entre légèreté et profondeur, entre tonalités satirique et sérieuse. Dans le rôle de la comtesse excentrique, la star d'art et d'essai Isabelle Huppert ("La pianiste") fait une magnifique apparition, dans laquelle elle peut démolir l'inventaire d'une villa.