Paraiso
Plate-forme : Bande Dessinée
Date de sortie : 18 Janvier 2023
Résumé | Test Complet | Images | Actualité
Editeur :
Développeur :
Genre :
Bande dessinée
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


8/10

Scénario et dessin : Suehiro Maruo

Paraiso (Tenkoku Paraiso) est un manga unitaire publiée au Japon aux éditions Kadokawa. Lorsqu'un artiste comme Suehiro Maruo fête ses quarante ans de carrière, il est important de le célébrer. Pour marquer l'occasion, Casterman a lancé une nouvelle anthologie de nouvelles. Du paradis, cependant, il ne reste que le style doux et langoureux de Maruo, car le reste est infernal et inquiétant. Sayo abusée par un prêtre. Michio a été forcé de voler. Les protagonistes du "paradis" de Suehiro Maruo sont des enfants, contraints de céder aux abus torrides d'adultes rendus encore plus monstrueux par la guerre. Le contexte est en fait la Seconde Guerre mondiale, divisée en deux pôles : le Japon et la Pologne. Les cinq histoires de Paraiso se succèdent rapidement, avec des changements de scène soudains qui renforcent les sentiments de chaos et d'égarement, les mêmes que ressentent les pauvres "vagabonds de la guerre" de Maruo. D'un côté, le Japon rural, déchiré et appauvri par le conflit, de l'autre, la Pologne des camps de concentration. Deux théâtres terriblement crus, dans lesquels des histoires éphémères d'humiliation, de dégradation et de méchanceté prennent vie, au milieu du sang, de la nudité et de regards pétrifiés à couper le souffle. Une fois de plus, Maruo met à nu la laideur de l'âme humaine pour en exposer la nature déplorable. C'est un concept cher au genre ero guro, dont Suehiro Maruo est l'un des principaux représentants contemporains. L'accent est mis sur la combinaison de l'érotisme et du grotesque pour critiquer la fausse pudeur sociale et les contraintes dictées par la morale collective japonaise.

Cependant, à la différence d'un précédent chef-d'œuvre comme Midori, Paraiso laisse une lueur d'espoir, ici incarnée par un personnage réel : le père franciscain Maximilian Kolbe, mort à Auschwitz. Un faible optimisme dans un immense désespoir. Fiction et réalité. Japon et Pologne. Folklore japonais et religion catholique : Paraiso est un ensemble de dichotomies, habilement juxtaposées par Maruo pour faire ressortir la crudité du récit. Le camp de concentration cesse d'être le seul symbole du mal dans l'imaginaire commun, car l'homme est partout monstrueux. Les réactions déclenchées par les corps décharnés et les yeux terrifiés des prisonniers d'Auschwitz sont les mêmes que celles que l'on ressent en voyant un enfant japonais contraint de se prostituer ou de manger des excréments pour ne pas avoir faim. Ce caractère impitoyable est souligné par les traits élégants et expressifs de Suehiro Maruo, créant un contraste à la fois envoûtant et inquiétant.

VERDICT

-

Paraiso n'est pas une œuvre pour tout le monde, mais c'est une œuvre que tout le monde devrait connaître. L'imagerie de Suehiro Maruo représente non seulement une niche importante de la culture japonaise, celle de l'ero guro, mais surtout, elle ne se limite pas à montrer le mal dans le monde. Un monde dans lequel il y a des oppresseurs, voués à la satisfaction de leurs plus bas instincts, et des opprimés, contraints de plonger dans des abîmes, intérieurs et autres, pour survivre. Les victimes de ce joug injuste sont les enfants, qui dans les œuvres de l'artiste japonais deviennent asservis aux perversions humaines.

© 2004-2024 Jeuxpo.com - Tous droits réservés