Interview Enrico Marini.
BD- Expo : Comment avez-vous décidé de devenir auteur de bande dessinée ?
J'ai commencé à entrer dans le monde de la bande dessinée quand, à l'âge de 5 ans, je lisais des fumetti (bandes dessinées italiennes) et des comics américains. J'étais également un grand amateur des dessins animés de Disney, mais aussi des dessin animé japonais des années 80. J'adore les livres et le cinéma, ce sont des médias qui me donnent envie de raconter des histoires. Et la bande dessinée se prête parfaitement à l'exercice. Si je n'avais pas été dans la BD, comme je suis illustrateur, j'aurai sans doute atterri dans l'industrie cinématographique ou bien dans celle des comics. A 15-16 ans, j'ai commencé les Beaux-Arts, à Bâle en Suisse, et j'ai fait un apprentissage des arts du graphisme. Cela fait presque 30 ans que je suis déjà dans le métier.
Qui a le plus influencé votre travail ?
Oh j'ai plus d'une centaine de noms. Lorsque j'étais enfant, mes héros étaient Spider-Man (John Romita Sr, Stan Lee), ainsi que Astérix. J'apprécie également beaucoup Hermann, qui est pour moi le plus grand conteur du 9ème art, Pratt, Miyasaki, Bernet, etc... Si je choisis un romancier, ce serait Elmore Leonard, qui est malheureusement décédé récemment, je n'ai jamais eu le courage de l'approcher.
Adapter un roman pourrait être un projet donc ?
Absolument. J'ai toujours adoré "Lonesome dove" de Larry McMurtry, un western qui parle du voyage d'une bande de cow-boys conduisant un troupeau de vaches du Sud vers le Nord des États-Unis. C'est très réel, et une série télé à vu le jour par la suite (NDLR : Avec notamment William Petersen des Experts). Cependant, adapter un ouvrage de 800 pages en B serait une gageure. Il faudrait beaucoup de temps et je ne l'ai pas actuellement.
Concernant les Aigles de Rome, ce tome 5 marque un tournant.
Oui, j'aborde le désastre de Varus, cette victoire des Germains ou la défaite des Romains, et ce que ça a causé, pour l'Empire romain, pour l'Europe actuelle. Les Romains ont arrêté d'envahir la Germanie, et ça les a tellement bouleversés qu'ils n'ont pas été plus loin. C'est su que si les Germains avaient été romanisés, l'Europe aurait été un peu différente. Enfin ce qui est surtout primordial, ce sont les relations entre les deux amis, le romain Marcus et le germain Arminius. J'envisage sept, peut-être huit albums pour cette série. Ce qui arrive dans le tome 5 va bouleverser leurs rapports, et il y aura probablement une confrontation directe dans les prochaines tomes.
Concernant cette bataille de Teutoburg, vous avez réalisé beaucoup de recherches ?
J'ai lu pas mal de livres sur le sujet, mais certains éléments sont assez flous puisque des textes anciens ont disparu. Je me suis basé sur la réalité officielle et sur des théories faites par des historiens. Ce tome 5 s'avère très visuel, j'ai privilégié l'image et la mise en scène, j'ai enlevé du texte justement.
Dans les Aigles de Rome, vous êtes justement scénariste et dessinateur, ça doit changer beaucoup de choses.
Oui c'est mon travail à 100%. J'ai toujours collaboré lors de l'élaboration et l'écriture de mes autres BD, mais c'était vraiment excitant d'avoir un projet solo. Forcément, cela prend également beaucoup plus de temps à concevoir, sachant qu'il faut tout faire. Je ne compte plus les heures passées, mais c'est tellement enrichissant et passionnant à faire que je ne le regrette pas. C'est mon petit blockbuster maison. Après pour le Scorpion, j'ai toujours eu mon mot à dire sur les scénarios de cette série même si Stephen a vraiment développé l'intrigue, le personnage du Scorpion a été imaginé par mes soins, de même que l'atmosphère.
Quels sont vos futurs travaux ?
Je co-pilote le deuxième arc de l'Étoile du Désert, je suis content que Labiano ait repris le dessin car j'apprécie beaucoup son travail. Ensuite, le tome six des Aigles de Rome est en préparation mais je ne sais absolument pas encore quand il pourra sortir (rires). Ah oui on travaille aussi sur le nouveau Scorpion. Après je pense réaliser un nouveau polar ou un western. Je prends souvent des notes que je laisse reposer dans un tiroir. Et puis si ça me titille, je les utilise. Comme j'alterne en général entre le Scorpion et les Aigles de Rome, cela ne laisse pas beaucoup d'espace pour un autre projet. Mais ça me stimule et ça permet de changer ses idées.
Merci Enrico Marini.
