Scénario et dessin : Joël Alessandra
d'après le roman de Michel Bussi
Leyli Maal, mère de trois enfants, est arrivée en France il y a de nombreuses années. Elle est une émigrante légale, avec un emploi permanent, payant des impôts, une bonne mère qui a des contacts avec sa fille et ses fils. Elle fait tout pour améliorer le sort de sa famille. En fait, chaque moment et chaque action qu'elle accomplit est subordonné à leur bien-être. Pas étonnant que lorsque Bamby découvre le mystérieux carnet de sa mère décrivant son passé tragique, elle décide de se venger de ses tourmenteurs...
"On la trouvait plutôt jolie" est un thriller qui traite de questions sociopolitiques très actuelles. Bussi décrit le trafic d'êtres humains contemporain et les migrants qui tentent de passer illégalement d'Afrique en Europe. Il est étonnant de voir quelles règles régissent cette activité et à quelle échelle. Cependant, en utilisant l'exemple du personnage principal Leyli, l'auteur montre qu'il existe également des moyens légaux de changer son avenir en s'installant dans un pays civilisé. Cependant, personne ne prétend qu'il s'agit d'un chemin facile et léger. L'intrigue est construite de manière très originale et surprenante : Parallèlement à la découverte de la vie passée de Leyli, qui se lie d'amitié avec son patron et lui raconte ce qui l'a amené jusqu'à Port-de-Bouc (près de Marseille), nous suivons le déroulement de l'enquête sur le meurtre de deux hommes. Ils ont été tués de manière identique, mais les victimes de ce meurtre se trouvent des deux côtés de la mer Méditerranée. Il est inhabituel que le coupable soit connu dès le début ... sauf si vous suivez une enquête du lecteur Columbo. Mais il est à la fois intéressant de découvrir quel est le mobile du crime et de savoir s'il est parvenu à ses fins. Car, comme vous pouvez le deviner, malgré la cruauté des actes qu'il commet, il suscite la sympathie et le lecteur s'attache à lui. Sans mélodramatisation inutile, l'auteur nous montre le terrible visage de la traite des êtres humains et du business qui l'entoure. Du désert du Sahel à la jungle urbaine de Marseille, en quatre jours et trois nuits. Comme d'habitude dans les romans de Bussi, il y a un final très surprenant. Joël Alessandra conserve son style habituel, le dessinateur, grand voyageur lui-même, se projette alors sans effort dans ce personnage. D’ailleurs les pages les plus réussies de l’album sont celles qui évoquent les carnets de voyage aquarellisés.
VERDICT
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Un ouvrage étonnant et bouleversant. Le thème des immigrants est présenté de manière extrêmement approfondie et étendue, et sous différents angles, ce qui est sans aucun doute un atout. Les intrigues nombreuses et variées se complètent, créant une histoire multidimensionnelle qui se lit d'un trait.