Nomad
Plate-forme : Blu-Ray
Date de sortie : 19 Novembre 2024
Résumé | Test Complet | Actualité
Editeur :
Développeur :
Genre :
film
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


8/10

Réalisé par Patrick Tam.

Malgré neuf nominations aux Hong Kong Film Awards de 1983, « Nomad » est finalement reparti bredouille. Parmi les nominations majeures, citons celles du « meilleur film », du « meilleur réalisateur », du « meilleur scénario », de la « meilleure photographie » et du « meilleur acteur » ( Leslie Cheung ). « Nomad » est l’une des œuvres pionnières qui ont donné le coup d’envoi de la « nouvelle vague de Hong Kong », qui a débuté vers 1979 et a atteint son apogée au début des années 1980. Nomad suit la vie tumultueuse de quatre jeunes Hongkongais. Leslie Cheung incarne Louis, un bourgeois timide qui passe ses journées à écouter des enregistrements de sa mère décédée, accompagné de sa cousine Kathy ( Pat Ha ). Leurs destins se mêlent à celui de Pong ( Kent Tong ), dont Kathy finit par tomber amoureuse, et de Tomato ( Cecilia Yip ), la future petite amie de Louis. Le titre chinois du film, qui signifie littéralement « jeunesse en flammes » ou « jeunesse flamboyante », résume l'essence de l'œuvre. Patrick Tam expose le spectateur à une série d'aperçus fragmentés de la vie adolescente dans le Hong Kong des années 1980. Les personnages ne sont pas explorés en profondeur d'un point de vue introspectif, mais plutôt dépeints comme des « flammes » qui brûlent avec éclat sur pellicule. L’un des fils conducteurs de Nomad tourne autour de la rencontre/conflit avec l’Autre, du bouillonnement du sang au printemps des premiers amours, mais surtout de l’exploration de ses pulsions sensorielles. Les protagonistes sont de véritables incarnations des passions juvéniles, de l’ennui existentiel et de la présence fantomatique d’eux-mêmes à la fois. Ce qui frappe le spectateur, c’est le contraste entre l’instinct incontrôlable des personnages et les moments de lyrisme parfait où le réalisateur parvient à les soustraire. Un exemple en est la séquence où Louis écoute la voix de sa mère sur fond de la Cinquième Symphonie de Beethoven, tandis que sa cousine exécute une danse traditionnelle japonaise sur le fond bleu Klein de sa chambre. Quelques minutes plus tard, la jeune fille décide de mettre le feu à la baignoire. Une autre séquence capable de toucher au sublime est celle qui montre Kathy et Pong consommant leur amour charnel dans un bus à impériale qui roule à toute allure dans la nuit de Hong Kong.

Hong Kong elle-même – sans doute l’une des villes cinématographiques qui se prête le mieux à devenir un personnage du récit – peut être considérée comme un protagoniste passif des événements. La métropole reflète le déclin de la vie des quatre amis, affichant désormais les couleurs atténuées de sa mer, se cachant derrière la modernité des enseignes au néon. Dans « Nomad », Hong Kong est une flamme peut-être sur le point de s’éteindre : elle est complètement déchirée entre l’héritage culturel de la Chine ancienne et l’ombre de son retour politique imminent, entre les influences du monde dit « occidental » et la présence de son voisin japonais. La lumière de cette schizophrénie historique et culturelle – une caractéristique qui contribue à la rendre si fascinante et tourmentée – résonne inévitablement dans la vie quotidienne de ses habitants, se manifestant dans leurs conversations grotesques et leurs actions décousues. Les performances des protagonistes sont à la fois impénétrables et imprévisibles, rappelant le style de jeu de leurs homologues de la Nouvelle Vague française et japonaise. C'est sans aucun doute le visage mélancolique de Leslie Cheung qui sert de point focal et de force directrice à l'ensemble du casting. Le style de mise en scène de Patrick Tam, caractérisé par des coupes et des mouvements de caméra soudains, s'accorde parfaitement avec l'énergie frénétique qui émane du film. Il y a cependant deux autres points controversés à aborder. Le premier concerne l'utilisation excessive d'une bande sonore instrumentale à la limite du mélodrame. Elle est si omniprésente (et lourde) qu'elle rend presque « ridicules » certaines scènes qui auraient peut-être bénéficié d'un simple silence. Le deuxième point critique concerne la représentation trop forcée (et délibérément satirique) de « l'ennemi japonais », incarné par l'ex-petit ami de Kathy et son expérience de soldat dans l'Armée rouge. Le point culminant de cette représentation forcée est atteint dans les scènes finales discutables, bien que Tam reste cohérent avec l'élément de folie qui traverse tout le récit.

VERDICT

-

En conclusion, « Nomad » est un film désordonné et chaotique qui peut être difficile à saisir pleinement, mais il représente parfaitement l’esprit du temps du Hong Kong des années 1980 et de son mouvement New Wave.

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