Scénario : Zidrou
Dessin : Arno Monin
Gaëlle, la mère câline, et Romain Guitry ont le cœur bien accroché. Après avoir vu tant de souffrances liées à la guerre, ils décident d'adopter un orphelin yéménite. Après des mois d'attente, ils peuvent enfin accueillir chez eux le petit Wajdi, âgé de dix ans. Le garçon reçoit un accueil chaleureux et est complètement bouleversé. Mais leur fille Esterina, presque adulte, le prend par la main. Métaphoriquement, bien sûr. Wajdi ne supporte pas d'être touché. Probablement une conséquence de sa vie difficile où il a perdu ses parents et sa sœur. Les Guitry essaient de toutes leurs forces de faire dégeler Wajdi et de l'intégrer dans son nouveau pays, sa nouvelle école et sa nouvelle maison, mais c'est difficile. Pendant des années, Wajdi a passé sa jeune vie en enfer. Aujourd'hui, il apporte cet enfer aux Guitry. La nouvelle vie du garçon n'est pas simple : Wajdi se débrouille comme il peut dans la grande ville pour se cacher. Mais bien des adultes sont à sa recherche pour lui prouver leur amour. Vont-ils finir par se trouver ?
Nous avions refermé le premier tome chamboulé par des émotions fortes. Le rejet d’un enfant adopté par une adulte qui considère qu’il ne lui est pas assez reconnaissant, la colère est forcément au rendez-vous. Zidrou n’est pas un scénariste ordinaire. Il sait jouer avec la psychologie aussi bien des lecteurs que des personnages. Difficile de rester insensible face à tant d’injustice. Si le cycle se déroule en deux tomes, ce n’est pas pour rien. Nous allons passer à autre phase plus positive et bienveillante. La mère qui a demandé que l’on renvoie Wajdi comme un produit défectueux change d’avis. La fragilité du bambin lui apparaît dorénavant plus évidente comme à son mari et sa progéniture. L’amour ne va pas de soi, cela se gagne. La famille adoptive va tout faire pour le retrouver et se battre coeur et âme dans la rue pour lui. Le combat pour une cause juste prend tout son sens. Ne faut-il pas ça pour un nouveau départ plus cohérent et sincère ? Rien de tel qu’un drame pour repartir sur des bases saines. Ainsi après une magnifique scène de retrouvaille touchante et bouleversante, tout peut rentrer dans l’ordre. Il faut une situation catastrophique pour réinsérer de la beauté et de sincérité. On se doutait bien du happy end où tout le monde finit heureux. Mais pourquoi ne devrait-on pas être ravi d’une si belle chose ? Même si cela reste assez peu réaliste, on a envie de croire que l’on apprend de ces erreurs et devenir meilleur. L’univers graphique d’Arno Monin est toujours d’une grande douceur et délicatesse. Grâce à cela les personnages sont très poignants et attachants. La scène sur la compréhension de la toile avec le chien de Goya. « Ce n’est pas un tableau qui traduit la peur. C’est un tableau qui parle d’envie, qui parle d’espoir ». Un moment qui modifie le rapport de classe et le regard. Un duo très complémentaire qui a su trouvé la bonne harmonie de travail. On a hâte de découvrir le prochain cycle.
VERDICT
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Une belle approche sur l’adoption où l’amour est plus fort que tout.