![]() Plate-forme : Blu-Ray Date de sortie : 26 Février 2025 Editeur : Développeur : Genre : film Multijoueur : Non Jouable via Internet : Non Test par Nic0078/10 Réalisé par Francis Ford Coppola. L'ambitieux architecte Cesar Catilina (Adam Driver) a un projet pharaonique et hautement utopique avec lequel il propose de reconstruire la ville, qu'il a rebaptisée New Rome, ce qui n'est pas un hasard. La base du projet futuriste est un quartier de l'ancienne métropole presque rasé, devenu le foyer de la classe la plus humble qui y a trouvé refuge contre l'oppression et les abus de la société qui compte et qui tend à la rejeter ou à la reléguer le plus loin possible. Comme dans l'Empire romain, le projet vise à donner de la magnificence à la ville grâce à des solutions futuristes, mais il se heurte à l'opposition du maire nouvellement élu, un certain Franklyn Cicero (Giancarlo Esposito), corrompu et conservateur, plutôt habitué à satisfaire les besoins consuméristes-communistes qui garantissent des revenus à la classe dirigeante, et qui entend ériger un complexe commercial avec un casino pharaonique en lieu et place des ruines actuelles. La belle fille de ce dernier, Julia (Nathalie Emmanuel), tombée amoureuse de l'architecte imaginatif, mais soumise à un père qui le considère comme un ennemi, n'arrive pas à décider à qui elle doit se consacrer définitivement. Cesar Catilina a l'ostentation de promouvoir l'utilisation d'un nouveau et mystérieux matériau, le « mégalon », plus ductile et aux caractéristiques totalement nouvelles, capable de surpasser le ciment et l'acier afin d'aspirer à des constructions et des projets qui sauvegardent la qualité de vie de la population indistincte. Si le banquier avisé Hamilton Crassus III (Jon Voight), vieux magnat puissant et avisé, très influent dans les hautes sphères de la ville, est enclin à soutenir le projet de son neveu César, son cousin, l'envieux Clodius (Shia LaBeouf), est au contraire complètement épris de Julia et prêt à tout pour la conquérir, tentant de nuire à l'image de son exalté parent. Mais Clodio est loin de se douter que Cesar Catilina a appris à dominer et à contrôler le flux du temps, conditionnant le cours des événements en sa faveur. Dans le dernier effort cinématographique de Coppola, titanesque et audacieux, la polis paradisiaque de la perfection surgit de la fange d'un ghetto accablé par la corruption et la malversation, après que la catastrophe ait rasé les anciens privilèges sociaux pour en créer de nouveaux, non moins arbitraires et résultant d'impositions et de brimades. Francis Ford Coppola réalise enfin, après d'immenses difficultés financières qui l'ont conduit au bord d'une ruine économico-financière qu'il avait déjà connue dans le passé, et presque évitée maintenant que l'on craint de maigres recettes, son rêve sans limite, son œuvre peut-être la plus audacieuse et la plus controversée. Audacieux comme on le connaît depuis des décennies, téméraire comme seul un génie peut l'être, fort de sa propre inspiration, autodestructeur comme peu d'autres génies de son espèce, ne craignant pas de s'aventurer dans le kitch, insouciant des maladresses narratives qui désorientent mais aussi fascinent le spectateur, Megalopolis raconte, entre des décors futuristes et éblouissants et d'autres résolument rétro et presque minimaux, une genèse créative délirante à l'image d'un Empire romain aussi magniloquent que parfait, seulement à l'extérieur. Dans ses projets les plus réfléchis, les plus cérébraux et les plus maniaques, Coppola a toujours été si excessif et si brillant. Ici, le réalisateur d'Apocalypse Now a même l'audace de citer, entre autres, Orson Welles avec son ampoule rétro enneigée d'une ville stylisée, et la création architecturale et design qui sous-tend le film présente, comme déjà mentionné plus haut, de curieuses analogies avec l'autre film brillant de la saison, ce magnifique The Brutalist de Brady Corbet vu, apprécié et primé à la Venice 81 Competition. Une chose est sûre, cependant : lorsque Coppola se laisse emporter par de tels délires d'inspiration irrépressibles et de telles impulsions créatrices, il en sort presque toujours quelque chose de brillant et de définitif, voire de tout à fait extraordinaire. Peut-être faudra-t-il du temps pour que Megalopolis soit assimilé, digéré, accepté et apprécié comme il le mérite sans aucun doute. Et le temps n'est peut-être pas une garantie de retour, mais un laissez-passer valable pour pouvoir compter cet effort démesuré comme une œuvre fondamentale au moins parmi celles de la décennie, voire plus. VERDICT-Megalopolis est un film inévitablement destiné à diviser, comme il l'a été à Cannes où il a fortement disputé le public entre d'infatigables détracteurs (la majorité) et des cinéastes adorateurs sans états d'âme. Mais c'est aussi, sans aucun doute, le projet titanesque et décousu, aussi stupéfiant soit-il, d'un génie visionnaire qui compte parmi les plus grands artistes cinématographiques qui aient jamais vécu et travaillé dans le domaine du septième art. |