Aposimz est une série toujours en cours de parution au Japon et qui a connu trois tomes à ce jour aux éditions Kodansha. Dans un futur très lointain, le corps céleste artificiel Aposimz, d'un diamètre de 200.000 kilomètres, a tout d'une terre glaciaire et post-apocalyptique. Pourtant, son espace central est recouvert d'une super-structure où l'homme a longtemps vécu. Il y a cinquante siècles, un violent conflit a éclaté entre deux factions et les personnes qui ont perdu la guerre ont également perdu le droit de résider légitimement à Aposimz. Les survivants se sont réfugiés sur la surface extrêmement froide de l'astre, faisant face à la propagation d'une étonnante maladie transformant les êtres en créatures biomécaniques et aux automates agressifs qui apparaissent fréquemment au niveau des ruines. Pourtant, malgré tout, les habitants ont réussi à s'adapter à la rigueur climat et les générations ont fini par se succéder. Dans ce tome deux, Esserow est devenu une marionnette régulière suite à sa contamination par le terrible virus. S'il a perdu une part de son humanité, il a gagné un pouvoir surhumain. Guidé par la mystérieuse Titania, une automate en guerre contre l'Empire, Esserow sillonne un monde glacial avec comme seul mantra la vengeance.

Parmi tous les nouveaux mangas qui ont fait leurs débuts l'année dernière, Aposimz figure parmi les plus impressionnants. La série d'action de science-fiction de Tsutomu Nihei a plutôt pris son temps pour familiariser les lecteurs avec ses héros Esserow et Titania. L'esthétique unique du manga a également impressionné et correspond parfaitement au ton désolé de l'histoire. Dans ce deuxième volume, le manga poursuit les aventures du duo principal et présente leur nouvel allié, Keisha. Du point de vue artistique, ce volume a tous les mêmes avantages que son prédécesseur. La ligne ultra épuré continue de bien fonctionner, elle se prête bien aux scènes d'action, avec les mouvements rapides et les attaques des personnages. La circulation des mouvements à travers les combats dans ce volume est presque parfaite; ça se lit comme un film d'action extrêmement bien chorégraphié. En conséquence, regarder les personnages se défaire est excitant et les résultats de ces scènes ne sont jamais trop sûrs. Nihei fait également un excellent travail en montrant beaucoup avec très peu. Il y a des plans de structures géantes en train d'exploser qu'il décompose en quelques lignes tout en transmettant la portée des événements. Il est capable de le faire en grande partie grâce à ses solides compétences en matière de perspective. Les compositions des pages et des panneaux sont également très bien faites. Nihei sait comment mettre les pages de garde au bon moment. L'esthétique douce traduit la fragilité de la vie des personnages et du monde qui les entoure. Rien ni personne ne se sent invincible. L'ombrage est également charmant. Nihei utilise exclusivement des blancs et des gris clairs à moyens, la manière dont l'éclairage est géré est subtile, car les bons endroits sont éclairés pour acheminer les sources de lumière appropriées. La conception des personnages est également bien faite, ils ne sont pas surchargés de lignes inutiles, mais ils sont suffisamment distincts pour qu'il n'y ait presque jamais de problèmes de clarté visuelle. Les débuts de Keisha en particulier sont rendus d'autant plus marquants par la force de sa forme blindée. Elle a une sorte de look d'escrimeur qui la distingue des armures de science-fiction plus traditionnelles des autres personnages.

L'occasion de rappeler que Aposimz est un spin-off du titre "Ningyou no Kuni", dont l'action prenait place sur une planète gelée parsemée d'artéfacts extraterrestres, qui racontait l'histoire d'un jeune homme et d'une rencontre fatale. Cette fois, le lecteur apprend que l'héroïsme et la bravade dans ce monde ne sont pas toujours récompensés et que, sous-estimer la situation risque de conduire les héros six pieds sous terres. Pire encore, les personnages vont se métamorphoser en marionnettes sous l'effet de la maladie, des sortes de créatures zombies d'un nouveau genre et qui tombent rapidement en décrépitudes. C'est notamment le cas d'Esserow, mais la mystérieuse jeune fille va lui permettre de conserver une forme un tant soit peu humaine tout en lui conférant un puissant pouvoir. Heureusement, l'écriture de ce volume correspond à la qualité de ses visuels. Le rythme est fantastique, car Nihei ne s'attarde jamais trop longtemps sur un point de l'intrigue. Les scènes de transition s'étendent juste assez longtemps pour que le contexte culturel, quel que soit le contexte, aide le lecteur à mieux comprendre les différents lieux de la série. La personnalité des personnages est également bien communiquée à travers le dialogue. Même s’ils ne font pas beaucoup d’introspection, il est toujours facile de se faire une idée de ce qu’ils sont. Il y a cependant quelques points où le contenu des légendes change entre les pensées des différents personnages, mais il n'y a pas d'indicateur visuel clair permettant de savoir quand les protagonistes changent. En outre, les méchants n’ont pas encore beaucoup de talent. Espérons qu'ils seront plus étoffés lors des prochains chapitres.