Soloist in a Cage (Ori no Naka no Soloist) est une série en trois tomes publiée au Japon aux éditions Shueisha. Dans un futur sans doute pas si lointain, un régime assez conservateur a décidé d'entourer toute une ville d'un mur et d'en faire un pénitencier où les prisonniers sont livrés à eux-mêmes. Après avoir été séparée de son frère encore bébé en s'enfuyant de la ville, une petite fille revient onze ans plus tard pour le retrouver.

Certaines histoires ont quelque chose de dystopique et offrent en même temps un mélange de fantastique et de steampunk qui confère au scénario une bonté particulière. En même temps, ce sont les héros, avec leur humanité, qui gardent l'espoir dans "Soloist in a Cage". Une ville entourée d'un haut mur sert de prison à un empire impitoyable. Celui qui y est envoyé une fois n'en sortira jamais. Et même si la violence et le crime y règnent, certains y fondent des familles. Chloé et Rock sont de ceux-là. Depuis quelques mois, c'est grâce à l'un de leurs voisins qu'ils sont toujours en vie, leurs parents ayant disparu. Mais cet homme prévoit justement de s'enfuir, avec des conséquences désastreuses pour les enfants. Car ce qui doit arriver arrive, Chloé ose faire le pas en avant et perd tout dans un premier temps, car elle doit laisser son petit frère derrière elle. Mais des années plus tard, elle ose revenir pour le retrouver, et elle est plus prête que tout le monde ne le pense. Cette vision assez sombre de l'avenir rappelle fortement, dans sa structure de base, le film "New York 1997" de 1981. Mais contrairement à l'époque où Kurt Russel devait se battre dans un Manhattan dystopique en tant que "Snake Plissken", c'est maintenant une petite fille, ou plus tard une jeune femme, qui se bat pour survivre dans un monde rempli de criminels violents et sans loi ni justice. On n'apprend toutefois pas ici où tout cela est censé se dérouler : lorsque des noms sont cités, ils sonnent souvent russes ou slaves, il y a des journaux avec des titres en anglais et aussi des canettes de la marque Campbell's en provenance des États-Unis. En revanche, la plupart des personnages sont clairement asiatiques. C'est sans doute intentionnel, afin que chaque lecteur puisse situer l'action où il le souhaite.

Comme c'est souvent le cas dans les histoires de science-fiction, il faut s'imprégner de l'histoire de base. Ensuite, les détails s'ajustent bien et l'histoire se développe de manière cohérente et logique. Le scénario est oppressant et sombre, il capture l'ambiance d'une ville à l'époque de l'industrialisation, mêlée aux quartiers où les gangs règnent en maîtres, comme on les connaît à ces époques. On y trouve peu de fantastique, tout juste si l'histoire s'inscrit dans un cadre qui ne veut pas vraiment se définir. Et à l'exception des principaux héros, tous les autres humains de ce monde semblent être des monstres. Ainsi, à l'histoire d'évasion et de sauvetage à l'atmosphère dystopique oppressante s'ajoute une bonne dose d'horreur, car partout où les criminels se rassemblent, la bizarrerie règne aussi. On remarque rapidement qu'il s'agit d'un manga - non seulement parce que cette histoire en noir et blanc se lit d'un bout à l'autre, mais aussi parce que le personnage principal apparaît rapidement comme une formidable combattante solitaire et qu'il y a de nombreuses scènes de combat, même explicites, typiques du manga. Mais on renonce à une représentation trop détaillée des différentes scènes de meurtre, ce qui donne un élan positif à l'histoire, car celle-ci n'est pas réduite à un massacre inutile, mais laisse de la place pour le développement des personnages et de l'intrigue. L'histoire se développe lentement et à la vitesse nécessaire pour rester cohérente. Malgré cela, le suspense est maintenu avec succès et on ne s'ennuie jamais en poursuivant la lecture. On attend la suite avec impatience.