Devilman est une série en cinq tomes signé Go Nagai, l'auteur de Goldorak, et publié en 1972 au Japon. L'intrigue met en scène Akira Fudô, un lycéen à priori sans histoire, pour ne pas dire transparent, et qui va brutalement changer, lorsque son meilleur ami, Ryô Asuka, réapparaît après un mois d'absence. Son père, le professeur Asuka, s'est suicidé après de nombreuses crises de démence l'ayant poussé à essayer d'assassiner son enfant. En lisant son journal intime, Ryô découvre qu'un autre monde côtoie sa réalité contemporaine : L'Enfer existe vraiment et les Démons sont proches de reprendre le contrôle de la planète. Le seul moyen de traiter le mal est de le couper à la racine, c'est à dire d'utiliser un cœur pur en tant que réceptacle à une créature diabolique. Ryô pense qu'Akira fera parfaitement l'affaire. Mais pour ce faire, le jeune homme devra perdre peu à peu la tête pour que le mal s'insinue en lui (oui commettre des crimes), tout en se montrant suffisamment fort pour s'approprier les pouvoirs du démon Amon. Mais l'alliage est très instable, ce qui peut le faire basculer vers l'horreur à n'importe quel moment.

Depuis que l'humanité a découvert l'existence des démons, la société a sombré dans l'horreur et la psychose collective s'intensifie. Des hommes se sont transformer en créatures repoussantes, certains ne supportent pas cette métamorphose, d'autres réagissent comme des pions face aux ordres du roi des démons Zénon, lui même commandé par Satan. Pendant ce temps, le Professeur Rainuma joue les apprentis sorciers et tente un dangereux coup de poker pour sauver ce qu'il reste de la Terre. Les hommes ont eux décidé de traquer les démons et de les abattre un à un, quel qu'en soit le prix. Le moindre doute sur l'identité d'un individu est bien peu de choses par rapport à ce qui se joue aujourd'hui, quand bien même il faille violenter des enfants et des femmes innocents. Les démons les plus dangereux restent ceux qui se cachent dans le cœur des hommes, et les suppôts de Satan peuvent apprécier le spectacle à bonne distance. Bien sur, l'utilisation des démons est surtout le moyen d'exprimer les travers de la société humaine et l'auteur y voit là une reproduction de l'Apocalypse de Saint Jean, réinterprété à sa sauce. Et Devilman dans tout cela ? Il continue toujours de vouloir sauver le monde, même quand de terribles atrocités sont commises par l'homme (le violence est exacerbée en fin de volume). Le trait graphique a certes vieilli, mais le dessin demeure très porteur, presque dérangeant parfois. Le grand format est idéal pour ce genre de récit, et les pages en couleur sont magnifiques.