La périphérie de Paris, 1984. Le quartier est devenu le terrain de prédilection de la jeunesse immigrée. Gang local Les Rascals sont déterminés à tirer tout ce qu'ils peuvent de la vie. Mais une nouvelle race de skinheads ultra-violents et politisés – les Boneheads – a émergé au cœur de la capitale. La guerre commence et pour les Rascals, l'âge de l'innocence est révolu.

e film rappelle que les années 80 ne se résument pas à Indochine. C'est l'essor de l'extrême-droite s'appuyant sur une partie du mouvement skin et de groupes identitaires xénophobes. Le film fait revivre les années 80 autour d'une bande de cinq amis de banlieue fraîchement construite. On se prend d'affection pour cette bande de copains. On plonge dans le passé comme si on était au présent. On va suivre le destin croisé dont vont être témoin et victime, Rudy, fils d'immigrés antillais pauvres dont l'environnement familial est déjà marqué par la criminalité et Frédérique, mosellane débarquée à Paris pour étudier le droit à ASSAS dont le grand frère etait un punk de la première heure. On assiste à un prologue des évènements où l'on cherche à nous montrer que c'est une succession de drames dans les deux camps qui déclenche l'escalade de la violence. Laporal-Tresor tisse un cycle infernal de la violence où chacun va prendre sa part. On y voit le combat contre les skins, la duplicité et la violence sélective des policiers et la complicité de quelques professeurs d'université... Le film se démarque d'autres films de bande pour son ancrage dans le contexte français et historique : dans le milieu des années 1980 est opéré un basculement entre des bandes à l'identité essentiellement culturelle vers une identité politique. Le film est dur, les images sont fortes, et les sujets/scènes nous sont présentés de manières frontales. La réalisation est incisive. La montée progressive du racisme et de l'endoctrinement est bien rendue, jusqu'à une séquence particulièrement dramatique et révoltante. Le film nuance la sympathie que le public peut avoir pour les Rascals. Ils sont belliqueux, harcèlent les filles qu'ils croisent dans la rue, traînent dans les rues et ce malgré les alertes de leur environnement familial. Les acteurs sont tous plus compétents les uns que les autres. Victor Meutelet casse son image dans ce rôle à contre-emploi.