Marguerite est une brillante étudiante en mathématiques de la prestigieuse École Supérieure de Lyon. Tout semble se dérouler à merveille pendant qu'il prépare sa soutenance de thèse. Le jour clé, une erreur la met au bord du gouffre et ébranle toutes les certitudes de sa vie projetée. Marguerite décide alors de tout quitter et de recommencer.
La première partie du film montre en détail le personnage de Marguerite, une fille dévouée et intelligente qui se consacre aux sciences exactes et qui correspond parfaitement au stéréotype associé à ceux qui se consacrent aux disciplines scientifiques. Plus précisément, la protagoniste s'efforce de trouver une solution à la Conjecture de Goldbach, l'un des plus anciens problèmes non résolus en mathématiques. La deuxième partie commence le jour où Marguerite présente l'avancée du travail qu'elle mène depuis des années devant un groupe de confrères de renom. A ce moment crucial, l'une des personnes présentes lui signale une erreur dans son enquête et la vie de Marguerite prend un tournant à 180 degrés. A partir de là, la jeune femme commence une nouvelle existence loin des milieux académiques. Seule, elle doit affronter la « vraie vie », avec des codes sociaux qui lui sont étrangers. Elle doit chercher un emploi pour rembourser la dette qu'elle a contractée auprès de l'université où elle faisait des recherches, apprendre à vivre avec des personnes aux personnalités très différentes de la sienne et même découvrir ce que ça fait d'avoir un orgasme. Au milieu de cette redécouverte de qui elle est, Marguerite trouve dans le mahjong un moyen rentable d'utiliser son esprit calculateur. Le film explore les défis auxquels sont confrontées les femmes scientifiques. Il propose également une réflexion sur la recherche d'identité et la capacité à se réinventer face à l'échec. Cela doit beaucoup à l'interprétation de la protagoniste, Ella Rumpf, et à la manière dont elle montre l'évolution de Marguerite face à sa nouvelle situation. Il s'agit du troisième long métrage de la réalisatrice française Anna Novion, après "Les Grandes Personnes" (2008) et "Rendez-vous à Kiruna"(2012). Novion a assuré que l'inspiration pour ce film lui est née après une maladie qui l'a laissée alitée pendant six mois à l'âge de 20 ans. « Après mon retour dans le monde réel, j’ai ressenti un grand écart entre moi et les autres jeunes de mon âge, notamment à cause de leur attitude insouciante. Puis j’ai commencé à penser à d’autres jeunes qui vivent dans des mondes fermés. Pas forcément malades, mais ceux qui fréquentent des écoles d’élite, ceux qui travaillent toute la journée sans arrêt, sans vraiment connaître personne.» Selon elle, ce sentiment qu'elle a ressenti pendant sa convalescence a été l'inspiration pour commencer ce scénario et les mathématiques n'ont émergé qu'après avoir rencontré Ariane Mézard, l'une des grandes femmes mathématiciennes de France avec qui elle a eu l'occasion de parler de passion, d'obligations et de risques qu'elle doit assumer lorsqu'elle enquête et n'est pas sûre de pouvoir prouver ce qu'elle cherche.
VERDICT
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Si la première heure du film est consacrée à observer à quoi ressemble la jeune femme et comment elle se rapporte à son environnement et à sa discipline, la seconde avance sur un terrain un peu plus conventionnel et « digne d'un Oscar ». Le mystère autour de Marguerite va muter à travers de longues séquences dans lesquelles elle et son nouvel allié – et un peu plus, comme nous le verrons – remplissent des tableaux noirs de formules pendant que la musique d'ambiance ponctue les émotions, ce qui n'est pas sans rappeler d'autres films sur des mathématiciens/physiciens obsédés (de A Beautiful Mind à The Enigma Code), tandis que son caractère laconique sera effacé d'un trait de plume. C'est donc presque deux films en un.