Ce drame du réalisateur Tom McCarthy ("Spotlight") est vaguement inspiré de l'affaire Amanda Knox. McCarthy ne la raconte en aucun cas, mais l'utilise seulement comme motif pour une nouvelle histoire fictionnelle. Matt Damon, dans le rôle d'un homme simple de la province américaine, est au centre d'une intrigue aux multiples facettes, racontée dans un style réaliste et sobre. C'est à la fois un drame de choc des cultures, un thriller, une romance et l'histoire d'une relation père-fille difficile. Le personnage de Damon est issu d'une classe sociale peu éduquée, dont l'image, notamment en Europe, est d'avoir aidé l'ancien président Donald Trump à remporter les élections. Il prie avant chaque repas et s'adresse aux femmes avec élégance en disant "Madame". Après avoir surmonté sa crise existentielle, il essaie de "faire les choses correctement", comme il l'a souligné une fois. Il symbolise sans doute aussi un peu la croyance américaine de pouvoir imposer ses propres idées de la loi et de l'ordre partout dans le monde. Mais à Marseille, il semble maladroit, pour ne pas dire en panne. Sa fille s'en doute, elle n'a que peu d'estime pour lui, qui a de toute façon brillé par son absence dans son enfance.

Damon donne à cet homme des traits très bourgeois, et l'on reste donc un peu perplexe sur le fait que son amitié avec Virginie (Camille Cottin), actrice de théâtre française, puisse se développer avec autant de facilité malgré toutes les différences d'éducation et de mentalité. C'est justement l'étrangeté qui émane de Bill dans l'agitation de la grande ville méditerranéenne qui a du charme sur le plan dramaturgique. Lorsque Virginie le présente à un metteur en scène de théâtre, celui-ci veut savoir s'il possède des armes. Malgré un humour aussi percutant, il est un peu dommage que McCarthy ne dessine pas les personnages de manière plus rude et plus vivante, mais qu'il ne construise pas une sorte de famille harmonieuse à partir de Bill, Virginie et Maya. Tandis que Bill s'adapte à Marseille et rayonne d'une nouvelle vitalité, des parallèles se dessinent avec la vie de sa fille, qui avait elle aussi quitté la maison. Abigail Breslin n'est cependant pas très convaincante dans le rôle d'Allison, le personnage n'est pas seulement opaque, il semble aussi parfois peu impliqué, émotionnellement insaisissable. Mais la question de savoir si Bill trouvera le meurtrier présumé alimente le récit en suspense de manière fiable.