Scénario et dessin : Roger Leloup
Couleurs : Léonardo
La célèbre Yoko Tsuno revient dans une intégrale comprenant trois albums entièrement conçus par Roger Leloup. Dans « Le Temple des immortels », on retrouve toujours quelques références aux aventures passées, et le personnage d'Emilia, jeune adolescente de 14 ans, introduit dans le tome 24 est toujours de la partie et constitue un duo pétillant avec Yoko. L'intrigue débute au château de Rheinstein sur les rives du Rhin, où Yoko, Vic et Pol participent à une séance d'enregistrement de clavecin d'Ingrid. Une interférence parasite se fait sentir, ce qui inquiète l'héroïne. Et pour cause, elle découvre sur la terrasse un survoleur vinéen, dont l'écran de contrôle affiche un message enregistré par Khâny à la demande de Zarkâ, la servante de Lucifer. Cette dernière demande à Yoko de la rejoindre au plus vite à Loch Castle Cottage en Ecosse. A côté de la bâtisse se trouve les ruines d'un châtau médiéval, abritant elles-mêmes les restes d'une Eglise Khâny est en conflit avec les habitants de Vinéa et différents peuples doivent se partager les territoires souterrains. Ce volume 28 de Yoko Tsuno s'inscrit dans les pas des précédents et affichage une intrigue très dense. Si vous n'avez pas lu la série depuis le tome 24, il sera difficile d'entrer dans l'histoire tant les références scénaristiques sont nombreuses. Le dessin n'a pas changé et se montre toujours très détaillé, à l'exception des visages des personnages un peu moins développé qu'à l'accoutumée, et la mise en couleur est très efficace. A 83 ans (quand il a réalisé cet album), on pourra facilement comprendre que l'auteur n'est plus la même dextérité que dans le passé. Ce volume de transition ouvre un nouveau cycle qui pourrait constituer une tétralogie nous dirigeant vers les profondeurs de la Terre, où une terrible puissance amenée sur la planète par les Vinéens va s'éveiller. Si l'on peut toujours reprocher à l'auteur cet aspect d'éternels adolescents de ses personnages, on appréciera l'habile croisement des mythes celtiques et de l'imaginaire vinéen.
Dans « Anges et faucons », tout commence en l'Église de Cornstone, non loin d'Edimbourg. Emilia et Bonnie viennent fleurir la tombe de la tante Gloria. Le Pasteur Macduff est également en plein jardinage, chargé d'élaguer la "jungle" de l'enclos des anges. Cet endroit délabré abrite deux tomes, les victimes d'un terrible accident. En 1935, un jeune garçon et sa soeur se sont fait happer par un train sur un passage à niveaux. La statue d'un ange, qui surveille le lieu, a été offert anonymement en 1934, ce qui ne manque pas d'interloquer Emilia. Elle décide donc d'aller d'utiliser la machine temporelle présente dans le cottage pour contacter son arrière-grand-père Archibald (qui est aussi l'oncle de Bonnie) et de lui envoyer un message afin qu'il sauve les deux enfants. Mais comme la machine est sur le point de repartir pour de bon dans le passé, Emilia n'a pas d'autres choix que de se précipiter à l'intérieur et de partir en 1935. Bonnie ne sait pas quoi faire si ce n'est de prévenir Yoko. Cette aventure de Yoko Tsuno propose deux histoires entre voyage temporel, momie et drones. La première partie discutée ici est nécessaire pour éviter un accident dans le passé. La seconde, en revanche, comporte étonnamment beaucoup de scènes d'action, l'occasion pour l'auteur de montrer ses talents dans la conception d'avions et offrir de belles séquences aériennes.
Enfin, « Les Gémeaux de Saturne » se déroule sur la célèbre planète à anneaux. Sous prétexte de vouloir tester un vaisseau spatial qu'elle a décidé de donner à Yoko, Khany attire son amie sur Saturne. Mais Khany a caché le véritable objectif : enquêter sur une mystérieuse souche de comète qui envoie un message énigmatique : "Sauvez Rya". L'appel de détresse s'avère provenir d'un cratère, où Yoko et Khany découvrent une épave congelée d'un vaisseau spatial - et dans une capsule de survie, ils trouvent la petite créature Rya en sommeil profond. Elle est de nature biologique mais génétiquement modifiée. Elle et son frère synthétique, Topy, sont « les gémeaux de Saturne »…. N’oublions jamais que Roger Leloup, non content d’avoir participé aux dessins de Alix de Jacques Martin, est aussi celui qui faisait de nombreux décors dans Tintin. La chaise roulante du capitaine Haddock dans « Les Bijoux de la Castafiore » comme d’autres décors assez techniques de Tintin. Alors que penser de ce tout nouveau tome de Yoko ? Et bien a 88 ans le père de Yoko reste un acharné de travail pour nous donner encore et toujours de nouvelles aventures de Yoko, cette fois encore avec les vinéens, ces extraterrestres qu’il a toujours affectionné. Et ça décolle ! Le dessin technique et architectural reste bluffant. Bon oui pour les visages, le dessin n’est plus aussi précis qu’il y a quelques années encore mais nous sommes toujours dans des récits d’action, de rencontres extraterrestres typiques de l’univers de Leloup.
VERDICT
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Trois aventures de Yoko Tsuno aux visuels charmants et proposant des intrigues efficace. Une trilogie qui laisse beaucoup d'interprétations pour la suite des aventures de l'héroïne.