Scénario : Laurent Galandon
Dessin : Nicolas Otero
Dans la petite ville de Saint-Forain, l’employé principal est l’abattoir Gourdin, dont le directeur est aussi le maire de la ville. En liaison avec les fermes de la région, de nombreux habitants travaillent là, les femmes en général à l’emballage, les hommes à des postes plus difficiles et parmi eux, le pire : la tuerie, où les animaux sont tués à leur arrivée. Yannick sort de prison et trouve un emploi à l’abattoir. Lors de son premier jour, en même temps que Thomas, un jeune fraichement sorti du lycée, les deux nouvelles recrues sont affectées au paragen, sous la supervision de Sofiane et Romain. Mais Yannick n’est pas là par hasard : son petit frère Killian a travaillé à l’abattoir et plus précisément à la tuerie, avant d’être découvert mort d’une overdose et Yannick veut comprendre ce qui s’est passé …
Voilà un ouvrage bien singulier puisque l'histoire se déroule dans un abattoir. Le récit mélange les genres : du suspense sur fond de problèmes de société et d’actualité (réinsertion des prisonniers, monde du travail toujours plus exigeant, magouilles en tous genres, racisme, famille, traitement des animaux destinés à la consommation, vie dans des villes de province où le travail se fait rare …). Yannick a un passé trouble mais n’en est pas moins sympathique car on sent qu’il veut comprendre ce qui est arrivé à son jeune frère et qu’il veut aussi aider sa petite amie qui était enceinte au moment du décès de Killian et qui travaille elle aussi à l’abattoir. En même temps qu’on découvre le travail dans un abattoir, on enquête en même temps que Yannick, on voit comment les employés sont soudés par la difficulté de ce genre de boulot et forme comme une sorte de famille. On se doute qu’il y a des choses pas très claires mais on ne les devine pas aisément. L’album dénonce, sans trop appuyer, les conditions de travail, les conditions de fin de vie des animaux, les magouilles qui peuvent avoir lieu et aborde rapidement les associations de protection animale dont on entend parler maintenant de façon régulière. Mais il n’y a aucun jugement porté, c’est au lecteur de penser ce qu’il veut. Le graphisme est signé Nicolas Otero, c'est un peu anguleux mais c’est un trait plein de vie et de dynamisme, moderne et caractéristique. Les personnages sont toujours un peu caractérisés sur certains aspects mais ils sont tous bien différenciés et les décors sont soignés. Quant aux couleurs, le ton général qui ressort est dans les tons ocres assez doux et même le sang n’est pas trop rouge ni trop agressif.
VERDICT
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Au final, malgré un contexte qui peut paraître peu attirant, c’est un album très appréciable et à lire avec intérêt.