José Mujica a connu un vie intense, marquée par son passé dans la guérilla, les années de prison et son passage par la présidence uruguayenne. Cet ouvrage plonge dans les origines du vétéran politicien de gauche, un homme, descendant d'immigrés basques et italiens, un peu maussade, léger sur les bagages, têtu, généreux et d'une honnêteté défiante. Son approche de l'anarchisme et les piliers qui l'ont forgé en tant que membre de la guérilla armée des Tupamaros, dans les années 1960 ; sa première incarcération, la seconde et sa fameuse évasion puis arrestation définitive, qui l'ont maintenu en prison sous la dernière dictature (1973-1985), au secret et soumis à la torture. Tout cela est abordé. Mujica n'a pas cessé de rêver un seul jour des 14 années où il a été emprisonné. On sait que les barreaux d'une prison politique sont faits pour emprisonner des hommes et des femmes, mais surtout pour emprisonner leurs idées et leurs chimères. Mujica, connu dans le monde entier pour son train de vie austère et ses discours contre le consumérisme, a reconnu qu'une bonne partie de ce qu'il pense aujourd'hui "a été pétri dans la solitude des cachots", et a affirmé que "probablement les êtres humains en apprennent plus de l'adversité que de ce qui est fécondé».

Le "rêve" des Tupamaros était de "transformer un coup d'État militaire" qui a été vu venir "en une insurrection avec un soutien populaire large et majoritaire". Après sa sortie de prison, en 1985, la première chose qu'il a faite a été de rendre visite à sa mère et, la nuit, il a retrouvé sa compagne, l'ancienne guérilla Lucía Topolansky. Il se consacre à la plantation et à la vente de fleurs et opte pour le militantisme légal au sein du Front large, coalition de gauche fondée en 1971 et arrivée au pouvoir pour la première fois en 2005, avec le gouvernement du socialiste Tabaré Vázquez, dans lequel Mujica servi comme ministre de l'Agriculture. Déjà lors des élections de 2009, les sondages l'ont élu président pour la période 2010-2015, cinq années caractérisées non seulement par sa façon particulière d'être et de vivre, mais aussi par des changements sociaux tels que la réglementation du mariage homosexuel et la culture de la marijuana, ainsi que des gestes humanitaires, comme l'accueil de réfugiés syriens et de prisonniers de Guantánamo.