Scénario : Roberto Recchioni
Dessin : Corrado Roi
L'histoire continue celle déjà commencée dans "L'aube rouge" (L'Alba Nera). Les événements sont essentiellement basés sur ceux de "L'Aube des morts vivants (L'Alba dei Morti Viventi), le premier album de la série régulière, mais le passé du protagoniste est une réinterprétation du passé de Francesco dans Dellamorte Dellamore, un roman de Tiziano Sclavi. Nous retrouvons ici un Dylan qui, contrairement à ce que prétendent certains "nostalgiques", reprend très bien le caractère des premiers numéros de Tiziano Sclavi, c'est-à-dire arrogant, cynique, accro à la boisson de temps en temps et ayant tendance à être impudent avec les femmes. Dans l'imaginaire collectif des lecteurs moyens, au contraire, Dylan est un personnage romantique avec une forte éthique. Ce cycle entre simplement dans le détail du caractère et de la transformation mentale d'Old Boy. Après avoir endigué le déclenchement d'une épidémie de morts-vivants, le nouvel enquêteur du paranormal part pour Undead (Angleterre) avec sa cliente Sybil Browning et son assistant particulier Gnap-Gnap. Undead est le nouveau Buffalora, l'endroit où tout a commencé. À travers une série de flashbacks que nous fait revivre le trait épuré et essentiel de Francesco Dossena, on nous raconte des bribes de la vie que Dylan a vécue dans cette ville : son travail de gardien de cimetière avec Gnap-Gnap, son pacte avec la Mort, sa dernière rencontre amoureuse avec la défunte amante de sa vie, Lillie Connely. Bloch a toujours représenté une figure paternelle pour l'enquêteur et il reste donc dans cette version. Cette fois, il est vraiment son père, mais un père adoptif. Xabaras, personnage central de la série, nous livre une fois de plus ses réflexions sur la société dans laquelle nous vivons et les vrais monstres d'aujourd'hui. Il se place du même point de vue que les lecteurs plus âgés : il sait déjà comment l'histoire doit se terminer, et il veut éviter qu'elle ne se termine de la même manière qu'en 1986, probablement dans un autre univers.
La magnifique couverture de Gigi Cavenago évoque une fois de plus l'univers de Dellamorte Dellamore, en particulier l'affiche du film. Un scénario remarquable, une bonne utilisation des flashbacks et une très bonne alternance des planches verticales et horizontales, ainsi que l'adoption intéressante de la grille à neuf bandes, si chère à Alan Moore. Les jeux citationnels de cet album font partie intégrante du fil narratif. La pose de Dylan et Sybil, devant le cinéma Prince Charles, qui cite la couverture de The Freeweelin de Bob Dylan, est très belle. Ce fut une bonne surprise de retrouver le regretté Groucho dans son costume original, ne serait-ce que pour une vignette. A côté de lui, on retrouve d'autres éléments chers au vieux Dylan : le galion, la Mort, Personne. Les planches sont "salies" de manière impressionnante par Corrado Roi, qui se confirme une fois de plus comme le roi du noir et des atmosphères gothiques. Ses personnages, même s'ils sont sur papier, semblent vraiment être faits de chair, d'os et de sang. Les quinze dernières pages de l'album, prélude à l'histoire que nous rencontrerons par la suite, sont confiées à Nicola Mari, qui n'a pas grand-chose à envier à Roi en termes de nuances gothiques. Dans ses illustrations, nous voyons l'histoire avec Sybil se refermer d'une manière différente et nous goûtons le retour de Jack l'Éventreur.
VERDICT
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Suite et fin de la mini-série entamée par l'aube rouge, un "événement" destinée à ramener les anciens lecteurs et à en conquérir de nouveaux puisqu'il s'agit ni plus ni moins que d'une introduction aux cauchemars à venir et d'une réinterprétation de l'album fondateur de la série. Les dessins de Roi s'avèrent toujours aussi réussis.