Poppoya/Love Letter Plate-forme : Bande Dessinée Date de sortie : 24 Janvier 2024 Editeur : Développeur : Genre : Bande dessinée Multijoueur : Non Jouable via Internet : Non Test par Nic0078/10 Scénario : Jirô Asada Poppoya/Love Letter est un volume publié à l'origine au Japon par Kodansha, contenant deux histoires autonomes de Jiro Asada (textes) et Takumi Nagayasu (dessins) : Poppoya et Love Letter. Mais c'est surtout le premier manga, qui donne son titre au volume, qui retient l'attention. C'est l'histoire d'un chef de gare qui vit seul dans une petite gare enneigée, continuant à exercer ses fonctions de manière impeccable même à un âge avancé. Désormais veuf et seul, alors que le progrès fait avancer et changer ses trains bien-aimés, le vieil homme reçoit un jour la visite d'une mystérieuse petite fille qui n'est peut-être pas de ce monde... Cette rencontre fait également ressurgir une multitude de souvenirs et, par le biais de flashbacks, la vie de l'ancien employé des chemins de fer est racontée. La deuxième nouvelle, Love Letter, se déroule plutôt dans le Tokyo trépidant et raconte une malheureuse histoire de sexe et d'amour... "Poppoya" est une histoire mature, empreinte d'une grande sensibilité, dans laquelle l'utilisation du surnaturel comme deus ex machina se mêle à des sentiments extrêmement humains, crédibles et très forts. Le rythme est lent, détendu, mélancolique. On s'attarde beaucoup sur les souvenirs, qu'ils soient tristes ou heureux, et sur les petits gestes, les petites choses : enlever la neige des rails à la pelle, préparer le dîner, déguster un verre de saké pour fêter la nouvelle année, se remémorer le bon vieux temps avec des amis de jeunesse, jouer avec une petite fille. Il s'agit d'une méthode de narration extrêmement japonaise, qui s'appuie fortement sur le réalisme des actions pour créer une atmosphère, et qui réussit parfaitement, entraînant le lecteur dans un monde réel et presque tangible et le poussant à pleurer. La deuxième histoire du volume, "Love Letter", est différente en termes d'atmosphère et de personnages, mais là encore la sensibilité du personnage principal ressort : il s'agit cette fois d'un yakuza apparemment bon à rien qui, à sa sortie de prison, apprend la mort d'une immigrée chinoise avec laquelle il s'était virtuellement marié afin de régulariser son permis de séjour et son emploi. "Love Letter", comme son titre l'indique, est une histoire d'amour, un amour éthéré mais très fort entre deux personnes qui ne se sont jamais vues mais qui sont unies par un sentiment absolument extraordinaire. C'est une histoire étrange, certainement peu réelle, mais qui touche le cœur du lecteur de manière incroyable, se caractérisant en l'espace de quelques pages comme l'une des plus belles histoires d'amour jamais apparues dans les pages d'une bande dessinée japonaise. Un voyage à la découverte d'un sentiment étrange, pur et merveilleux, qui fera découvrir au lecteur un voyou au cœur d'or et une jeune fille d'une beauté et d'une candeur extraordinaires. La délicatesse de la plume de Jiro Asada est célébrée et sublimée par les magnifiques dessins de Takumi Nagayasu : d'un réalisme maniaque dans la représentation des paysages, des trains, de la neige et de la pluie, des voies ferrées, des jetées, des vagues se brisant sur les miroirs, de la nourriture et des objets du quotidien, il rend également les personnages splendides et réels, dont on peut admirer en détail chaque expression, chaque poil de leur barbe, chaque pli de leurs vêtements, chaque larme qui coule de leurs visages. On ne peut d'ailleurs que louer les merveilleuses planches en couleurs qui ouvrent les deux histoires. VERDICT-Poppoya/Love Letter est un joyau. Deux histoires à l'intrigue simple, mais racontées de manière captivante et illustrées de manière exceptionnelle. Un volume d'auteur, d'une grande sensibilité, qui ne présente aucune tache, mais seulement le désir pur de raconter des histoires qui visent directement le cœur du lecteur et qui, très probablement, parviendront également à l'atteindre, à remuer quelque chose en lui, jusqu'à ce qu'il pleure. |