Douglas Quaid (Arnold Schwarzenegger), ouvrier du bâtiment, mène une vie tranquille avec sa séduisante femme Lori (Sharon Stone) sur la Terre dans un futur proche. Du moins, c'est ce qu'il croit, car il est régulièrement tourmenté par des rêves de vie sur Mars et d'une mystérieuse femme aux cheveux noirs. Il finit par céder à son obsession et réserve un voyage fictif sur la planète rouge auprès de la société REKALL, qui promet à ses clients d'implanter des souvenirs artificiels qui donneront ensuite l'impression d'avoir été réellement vécus. Mais quelque chose se passe mal avec Quaid, car il semble que des modifications de mémoire aient déjà été effectuées sur lui auparavant : La procédure ne peut pas être achevée et il se voit soudain poursuivi par de mystérieux individus qui en veulent à sa vie. Lori lui révèle que son véritable nom, Hauser, et son identité, "Quaid", ne sont que des souvenirs qui lui ont été implantés. Hauser s'est effectivement rendu sur Mars et aurait combattu aux côtés des mutants contre le dirigeant Cohaagen, qui le pourchasse à présent. Quaid/Hauser finit par se rendre réellement sur Mars, où il rencontre son ancienne maîtresse Melina (Rachel Ticotin) et espère démêler l'énigme de sa véritable identité.

"Total Recall", comme la plupart des films de Verhoeven, a été partiellement incompris à sa sortie : Certains critiques n'y ont vu qu'une morne bataille de matériel typiquement américaine, pleine de kitsch et de mauvais goût. C'est bien sûr vrai d'un point de vue purement superficiel, mais on sait désormais que Verhoeven ne prend pas tout cela au sérieux et qu'il l'utilise dans son "style hyperbolique" comme un moyen parodique de caricaturer et de critiquer la bombance cinématographique américaine. En ce sens, tout cela est très amusant et le plaisir est beaucoup moins coupable, car on sait que ce n'est que de l'ironie. Le contenu du film ou le jeu avec les niveaux de réalité, qui caractérise tant de films de Verhoeven, est plus exigeant sur le plan intellectuel : le réalisateur aime mener son public par le bout du nez et le laisser dans l'incertitude quant à ce qui est "réel" ou "fictif", quant à ce qui se passe réellement. Dans "Total Recall", cela signifie concrètement la question de savoir si les expériences vécues par Quaid après sa visite chez REKALL sont réelles, c'est-à-dire réelles, ou si ce n'est qu'un rêve - à savoir précisément celui qu'il avait commandé lors de la réservation de l'implantation de souvenirs. Plusieurs scènes clés suggèrent aussi bien l'une que l'autre interprétation. Une troisième option est que quelque chose a mal tourné lors de la procédure, que Quaid se trouve comme dans une sorte de "cauchemar" dont il ne peut plus sortir, comme le sous-entend la visite (supposée ?) d'un employé de REKALL qui veut lui donner une pilule pour le "réveiller". Quaid croit que tout ce qu'il vit est réel - et en tant que spectateur, on est enclin à partager ce point de vue, qui semble être le plus logique. Néanmoins, Verhoeven ne résout jamais complètement les contradictions, de sorte que les deux variantes (rêve ou réalité) restent possibles jusqu'à la fin. Derrière ces questions passionnantes, intellectuellement exigeantes et même philosophiquement intéressantes, le contenu réel et évident du film disparaît presque : car en soi, c'est une histoire d'agent qui est racontée ici, où un homme courageux (Quaid) s'oppose à une force malveillante (Cohaagen) et se bat pour la libération des opprimés (les mutants). On peut toutefois supposer que Verhoeven lui-même s'intéressait moins à ces implications (socio-)politiques de l'original (les dizaines de versions existantes du scénario sont basées sur une nouvelle de Philip K. Dick) qu'au fait d'induire délibérément le public en erreur et de jouer avec ses attentes. Et le nouveau master vidéo permet enfin de profiter d'une qualité technique bien supérieure à l'original.