Scénario et dessin : Bruno Loth
Couleurs : Corentin Loth
Nous sommes en 1937, la guerre civile espagnole vient de commencer et le général Francisco Franco tente également de soumettre les Basques républicains à sa dictature. Cependant, cela ne va pas sans lutte et l'aide de la Luftwaffe allemande est sollicitée. Pour le maréchal de l'air Hermann Göring, c'est l'occasion de tester son vaste arsenal d'armes. La ville historique de Guernica (en basque Gernika) est choisie comme cible. D'un point de vue stratégique, cette petite ville de 5.000 habitants n'est pas du tout intéressante, mais elle est le cœur de la culture basque. Guernica n'a pas de canons anti-aériens, car les résidents se sentent en sécurité. Le 26 avril, jour de marché très ordinaire à Guernica, les habitants sortent dans la rue pour faire leurs courses malgré l'alerte aérienne. Des miliciens républicains arrivent, un milicien flirte avec une vendeuse de chaussure, tandis qu'une femme écrit à son mari parti à la guerre. A 16h15, les premières bombes allemandes sont lancées. En trois heures, presque toute la ville est en ruine et des centaines de personnes sont tuées. Guernica est en feu pendant trois jours. C'est la première attaque terroriste majeure contre des civils en Europe. Grâce au rapport d'un témoin oculaire du journaliste britannique George Steer, les faits de l'attaque deviennent rapidement clairs. Bien que résidant en France, Picasso avait été sollicité en décembre 1936 par le gouvernement républication pour participer au pavillon espagnol à l'exposition universelle de Paris de 1937. Après que le peintre ait lu le rapport de Steers dans le journal, il réalisera son ouvrage le plus célèbre, "Guernica". Avec l’énorme tableau - trois mètres et demi de haut et presque huit mètres de large - il voulait exprimer le chaos causé par le bombardement. L'œuvre d'art est devenue un symbole de la folie de la guerre.
Les événements de Guernica ont joué un rôle crucial dans l'histoire du monde. Le bombardement était également un signe avant-coureur de la Seconde Guerre mondiale. Pour beaucoup de Basques, le souvenir du bombardement fait encore mal, aussi parce que le dictateur Franco a prétendu pendant des décennies que rien ne s'était passé à Guernica et a tout simplement nié les bombardements, avant de déclarer que les habitants avaient eux-mêmes incendié leur ville. Bien sur, l'auteur Bruno Loth est très impliqué émotionnelement dans cet ouvrage (sa femme étant espagnole), mais il y a également une partie fictionnelle dans la description de l'acte de création du tableau. Le dessin élégant de Loth, dans une ligne claire plus réaliste qu'auparavant, donne toute sa force romanesque aux histoires du quotidien qui se joue en parallèle de l'horreur de la guerre. L'ouvrage, réalisé au format à l'italienne, est complété par un dossier reprenant le tableau mis en parallèle avec la vie dévastée, ainsi que des extraits des mémoires de Luis Iriondo (un des rescapés du bombardement), le texte lu par le président allemand Roman Herzog lors d'une visite officielle à Guernica en 1997 puis la réponse des survivants.
VERDICT
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Guernica s'articule autour du célèbre bombardement causée dans la petite ville espagnole, qui inspira le célèbre tableau de Pablo Picasso et qui contribua à la médiatisation internationale de la guerre civile espagnole. Le scénario s'avère brillamment construit, touchant dans son déroulé et profondément humain au final. Un très beau livre.