Watchmen, V comme Vendetta, From Hell, Miracleman ou Batman: The Murder Joke, sont des titres qui témoignent du talent et de l'imagination d'Alan Moore, individu singulier, étrange, extravagant, atypique et provocateur, comme seuls les génies peuvent l'être. Non content d’être le représentant le plus visible d’une génération d’auteurs ayant révolutionné le monde de la bande dessinée américaine au cours des années 80, il décida une décennie plus tard de rompre avec les tendances actuelles pour retrouver un style perdu, ludique et aventureux. L’un des titres qu’il défendait dans cette nouvelle approche était Tom Strong, dont le premier numéro a été publié au mois d’avril 1999. Après des années d'attente et une sortie française incomplète, Urban Comics a décidé de récupérer cette collection sous la forme de volumes luxueux et attrayants. Ce tome comporte les numéros 20 à 36 de la saga. La structure de l'intrigue de Tom Strong représente un équilibre réussi entre les œuvres auxquelles il rend hommage et les tendances contemporaines. Moore et Sprouse ont choisi d'alterner les histoires auto-conclusives, qui servent à approfondir la genèse et la caractérisation des protagonistes, avec des arcs sérialisés dans lesquels, les personnages principaux donnent le meilleur d'eux-mêmes.

Le deuxième volume publié par Urban Comics comprend les numéros centraux et finaux de la collection. La famille Strong continue de vivre mille et une aventures au même niveau d'imagination débordante. Le tome débute par un arc narratif (n°20-22) avec une intrigue compliquée de voyages dans le temps en arrière-plan et une multitude de références à la crise dans des terres infinies ; où des hypothèses scientifiques de pointe sont introduites qui conduisent aux conclusions les plus délirantes, comme ce fut le cas dans le volume précédent avec les paires quantiques et la Terre Calcada, par exemple. On trouvera par la suite une histoire qui se déroule sur la Lune (n°23) et qui donne une place importante à Svetlana , la puissante femme équivalente à Tom Strong, mais dans l'ex-Union soviétique. Svetlana est le contrepoint comique, cynique et insolent, qui met en lumière la franchise et la lourdeur de ce monde bicolore qui entoure la famille Strong. La sobriété russe face à l'innocence politiquement incorrecte des bandes dessinées de l'âge d'or.