Pour ceux qui sont nés à la fin des années 1980, il n'y a qu'un seul Batman : Michael Keaton. Grâce à la vision de Tim Burton, le super-héros DC a trouvé la dimension parfaite dans un film qui est devenu une bande dessinée, et vice versa. C'est un film dense, extrêmement pop, construit selon les canons du cinéma artisanal. Il suffit de penser aux décors gothico-expressionnistes (totalement analogiques !) d'Anton Furst, Leslie Tomkins et Peter Young, ou aux maquillages de Paul Engelen et Nick Dudman, qui ont permis à Jack Nicholson de se superposer parfaitement au Joker. Après plus de trente ans - et trois autres films sur Bruce Wayne - ce film est toujours un point de mire, à tel point qu'avec la sortie du Batman de Matt Reeves, le débat sur qui est vraiment le meilleur chevalier noir de tous les temps a été relancé. Si vous avez encore des doutes, vous pouvez revoir le film de Tim Burton, mais surtout, vous pouvez même le feuilleter. Comment ? Grâce à la merveilleuse version en bande dessinée publiée par Urban Commics. En fait, Batman : The 1989 Comic Book Movie Adaptation Deluxe Edition est une translittération directe du film, magistralement écrit par Dennis O'Neil et merveilleusement dessiné par Jerry Ordway, dans un style qui rappelle les comics des années 1980. La raison ? Le comic book n'est rien d'autre que l'édition reliée et cartonnée du premier numéro du DC Movie Special, qui est sorti dans les kiosques en même temps que le film en 1989. Cette version de la bande dessinée, célébrée par les fans comme le début d'un "récit séquentiel", rassemble l'album original ainsi que des scans haute résolution inédits des planches de Jerry Ordway, cet illustrateur qui a relancé les figures de Superman et Shazam ! au début des années 90. Scintillante mais aussi sombre, punk au point d'être presque rétro-futuriste, Gotham City est une ville habitée qui ne rappelle que partiellement le New York dont elle s'inspire, mais qui conserve le charme de ses homologues plus "classiques".

La couverture originale de la bande dessinée est intéressante : pendant la pré-production, les fans n'ont pas apprécié la décision de confier le rôle de Batman à Michael Keaton. En réponse, le producteur Jon Peters a proposé un plan qui, à y regarder de plus près, fait intervenir pour la première fois le facteur "attente". La hype tant citée s'est donc créée autour du film de Tim Burton - le réalisateur, à vrai dire, n'était pas enthousiasmé par cette attente spasmodique prévue par Warner -, à partir de la première bande-annonce sortie à Noël 1988. Une bande-annonce qui ne montrait pas grand-chose, mais qui lançait de facto la Batmania : jusqu'à sa sortie en juin 1989, DC a gagné plus de 700 millions de dollars grâce au merchandising. Pratiquement tout était marqué Batman. Et la bande dessinée, de retour dans les librairies et les magasins de bandes dessinées aujourd'hui, était l'accroche parfaite pour convaincre les fans d'aller au cinéma. Le reste, comme vous le savez, appartient à l'histoire : Batman a rapporté 411 millions de dollars dans le monde. Le meilleur box-office DC Comics jusqu'en 2008, date de sortie de The Dark Knight de Christopher Nolan. Si vous ne l'avez jamais connue auparavant, sachez que le film et la bande dessinée racontent le début de la carrière de super-héros de Bruce Wayne\Batman et la naissance de son ennemi juré, le Joker. En effet, pour la première fois dans l'histoire du personnage, Burton ne se contente pas de raconter ses origines, mais nous donne même un nom et une identité : celle de Jack Napier, un homme de main décidé à conquérir le monde du crime de Gotham. Aux côtés de ces deux personnages, Batman présente un casting de personnages familiers aux fans de comics, dont l'étrange Vicky Vale, ici sous les traits de Kim Basinger, un rassurant commissaire Gordon plus étoffé et plus âgé que d'habitude, Alfred Pennyworth ainsi qu'un Harvey Dent en pleine ascension joué par Billy Dee "Lando Calrissian" Williams.