À cause d'une maladie inexpliquée, Rose ( Fiona Shaw ) souffre depuis des années et est incapable de sentir ou de bouger ses jambes la plupart du temps. Dans une ultime tentative pour se libérer de sa maladie, elle et sa fille Sofia ( Emma Mackey) se rendent dans un village côtier espagnol pour consulter le Dr Gomez ( Vincent Perez ), un homme peu orthodoxe. Mais lorsque le Dr Gomez refuse de reconstituer sa réserve de pilules, la questionnant de plus en plus sur sa vie et ses expériences personnelles, Rose refuse et déverse son ressentiment sur son entourage plus que d'habitude. Pendant ce temps, Sofia, qui a abandonné ses études pour s'occuper de sa mère, rencontre la touriste charismatique Ingrid ( Vicky Krieps ) et entrevoit ce que pourrait être le fait de pouvoir enfin reprendre sa vie en main. Sous le soleil brûlant de l'été espagnol, les sentiments refoulés et les problèmes cachés des trois femmes refont surface…

Quiconque s'attend à une histoire simple et directe ne trouvera probablement pas l'adaptation littéraire « Hot Milk » particulièrement attrayante. L'intrigue s'articule principalement autour des subtilités, des interactions toxiques mineures, des expressions faciales nuancées des protagonistes et du trouble intérieur non exprimé qui couve presque tout au long du film. Au fil du film, il devient de plus en plus évident que divers traumatismes influencent le comportement des femmes, en particulier la relation mère-fille. Pourtant, cela ne rend pas la situation plus facile à supporter. Les critiques constantes de Rose envers Sofia, ses exigences excessives et son refus de faire la moindre chose elle-même vous laissent rapidement suffoquer de frustration. Il est encore plus difficile de voir sa fille accepter ces choses et ravaler sa colère justifiée. Mais ne doit-elle pas cela à sa mère malade ? Et dans la relation naissante entre Sofia et Ingrid, tout est loin d'être rose. Bien que cette dernière, contrairement à Rose, parle au moins de son passé traumatisant, les deux femmes restent silencieuses sur les autres amants d'Ingrid, même si Sofia a clairement des problèmes avec eux. Les trois femmes parviendront-elles à se libérer de leurs anciens schémas comportementaux, dictés par leurs traumatismes ? Au moins, la façade contrôlée de Sofia semble s'effriter de plus en plus, annonçant une confrontation émotionnelle naissante. Le tout culmine dans une fin ouverte qui laisse au spectateur le soin de décider si l'histoire aboutira à une issue heureuse ou catastrophique.

La réalisatrice Rebecca Lenkiewicz prend son temps pour son premier film, Hot Milk . Peut-être un peu trop. Par moments, l'intrigue semble aussi lente que le soleil de midi sur la mer d'Espagne. Le récit et les dialogues présentent quelques faiblesses. Par exemple, le personnage d'Ingrid reste un peu mince et masqué, empêchant Vicky Krieps d'exprimer pleinement son potentiel (comme elle l'a montré, par exemple, dans le rôle de Sissi en corset ). Lorsqu'Ingrid s'ouvre émotionnellement à Sofia, cela semble moins dû à l'évolution naturelle de leur relation qu'au besoin d'un coup de pouce pour remettre Sofia sur les rails dans sa relation avec sa mère. Si Hot Milk ne s'effondre pas malgré ces faiblesses, c'est en grande partie grâce à ses deux actrices principales exceptionnelles. Emma Mackey, après Sex Education, a déjà prouvé dans le biopic Emily qu'elle avait beaucoup à offrir en tant qu'actrice. La tension intérieure de son personnage est palpable. Et Fiona Shaw, connue notamment pour son rôle de tante Pétunia dans Harry Potter , incarne une Rose aigrie avec une telle conviction qu'on a parfois envie de la faire tomber de ses patins à roulettes. Au final, Hot Milk reste donc un film, sans être exceptionnel, mais néanmoins intéressant sur l'impact profond que peut avoir un traumatisme, tant sur les personnes directement qu'indirectement touchées.