UXB (ou "unexploded device", soit un dispositif non explosé en français) raconte l'histoire des frères Atherton - Wilfred (alias Das Bombast), Donnchada (alias Muc Olla) et George (alias Rifter) - qui vivent dans un palais abandonné et délabré de Buckingham dans un Londres post-apocalyptique. Chacun des frères possède un mystérieux scaphandre greffé sur le corps, qui semble issu d'un Call of Duty futuriste, qui leur confère un pouvoir infini. À travers une série de flashbacks, nous découvrons les origines des garçons (la progéniture dorlotée de parents industriels milliardaires) et les costumes (le nec plus ultra des mesures de protection de l'enfance en cas de catastrophe), tout en mariant le passé et le présent, jusqu'à ce que nous atteignons le twist. Et ensuite, le côté horreur de ce livre passe à la vitesse supérieure, enveloppant les diverses intrigues et nous servant finalement probablement a meilleure explosion de têtes qui soit. L'histoire de Lorimer est une rupture avec la tendance post-apocalyptique standard en ce sens que, tout comme Freakangels de Warren Ellis, elle réduit l'action à une petite échelle et ne se préoccupe pas tellement du monde en général. Vous obtenez des bribes du destin de l'humanité, mais il vous suffit de regarder les rues en ruines d'une ville autrefois magnifique pour voir que c'est probablement le cas partout. Là où Lorimer se démarque également de la norme, c'est avec l'introduction des «combinaisons de survie» et de l'élément de science-fiction qui domine la première moitié du livre; greffés chirurgicalement sur le porteur, elles utilisent la nanotechnologie pour transformer les garçons en «méta-humains», faute d'une meilleure phrase - en améliorant considérablement leur force, leur donnant un facteur de guérison astucieux, leur permettant de créer les armes de leur choix en utilisant leur esprits. Ils sont même équipés de lecteurs DVD. C'est un peu ce que vous pourriez obtenir si vous croisiez l'écran interactif génial de Minority Report et une bague de Green Lantern.

Lorimer comporte de multiples références à la culture pop et au cinéma qui dominent une grande partie du dialogue. Bien qu'un peu trop parfois, cela donne aux frères une bonne excuse pour se chamailler, développant ainsi les personnages, mais ce sont les références plus subtiles qui influencent l'histoire elle-même - regardez attentivement et vous verrez des éclats de grande horreur et de science-fiction, tous combinés pour créer quelque chose d'original et superbement fantasmatique. Tout en démarrant un peu lentement, Lorimer construit un rythme régulier et saupoudre assez de mystère et d'intrigue pour garder l'ouvrage intéressant jusqu'à un twist magistral où l'histoire prend une autre direction, faisant monter l'horreur et l'action en flèche, s'appuyant sur la science-fiction qu'il a présentée au début et produisant une fin qui vous laisse penser "qu'est-ce que c'est que ça ?". Comme pour Harvest, le dessin est époustouflant. C'est sombre, graveleux, cinématographique, détaillé, magnifiquement éclairé et magistralement exécuté. Les éléments de science-fiction sont efficacement conçus ; des lignes nettes et des pièces lumineuses juxtaposent l'horreur, qui est délibérément désordonnée, viscérale et sombre. Il serait intéressant de voir, s'il allait plus loin (et la fin semble ouverte pour la suite), ce que l'auteur ferait si le terrain de jeu était plus étendu. Publié par Dark Horse aux Etats-Unis en 2013, il était plus que temps que UXB débarque en version française.