Dernière heure (Gojikanme no Sensou) est une série en quatre tomes initialement parue aux éditions Kadokawa Shoten. Le Japon est plongé dans la guerre depuis cinq longues années, mais les habitants de la petite île d'Aoshima (à proximité de Shikoku) sont relativement épargnés par un conflit dont les élèves du collège ignorent même l'origine et la cause. Le jeune Saku Futami vient d'entrer en 3ème et son quotidien routinier l'ennui profondément. Entre les cours, l'entraînement en athlétisme et les repas frugales, l'adolescent a d'autres aspirations en tête, même si son amie d'enfance, la maladroite Miyako Aishima, est toujours là pour égailler un peu ses journées. La quiétude de l'île a été troublée par l'arrivée de Reina Shinokawa, une camarade de classe évacuée sur l'île depuis Tokyo, qui reste froide et silencieuse sur ce qu'elle a vécu avant d'arriver là. Alors qu'une nouvelle année scolaire débute, une matière inédite entre en place : "guerre". Désormais, chaque vendredi, certains collégiens seront appelés à se battre sur le front, une perspective qui a de quoi les effrayer. Deux élèves seront toutefois exemptés, Saku et Miyako, car déclarés inaptes à être envoyés au combat. Une situation qui va provoquer quelques tensions au sein du collège, certains ne comprenant pas ce choix (notamment le déléguée Kihoku), alors que d'autres s'interrogeront sur la réelle nature de la menace (le brillant Sekizen par exemple), surtout que les provisions du continent tendent à se raréfier. Mais ce qui domine évidemment, c'est un sentiment d'effroi, la peur de partir à la guerre, de ce que l'on va y trouver, et surtout si l'on va rentrer en vie.

La dessinatrice du manga Les Enfants Loups nous livre sa première œuvre originale avec Dernière Heure, un manga conseillé au Japon par Inio Asano (Dead Dead Demon's Dededededestruction) et Shin Takahashi (Larme ultime). Le récit débute dans un cadre paisible, presque hors du temps, où un jeune adolescent aspire à une vie plus rythmée, faite d'aventures et de rencontres. Ce premier tome nous permet de découvrir une large galerie de personnages, environnement scolaire oblige, tous ayant déjà un caractère facilement identifiable. La trame prend également une certaine tournure fantastique, puisque d'étranges lapins en peluche dotés de la parole semblent envahir l'île, sans compter que des technologies inédites tels que les "anneaux de sagesse" (un engin de reconnaissance) ou le "fil d'araignée" (une colonne descendant du ciel et se détachant dans l'horizon) n'ont absolument rien de terrestre. En attendant, l'île essaye de mener une vie normale les autres jours de la semaine, l'occasion de croiser d'autres protagonistes ou encore de participer à des cours de cuisine. Les dessins sont plutôt jolis et affichent un trait particulièrement mignon, seul le fait de voir un enfant une arme à la main rappellera la dureté du conflit, aucune scène du front n'étant intégrée dans ce premier tome. L'intrigue présente différents degrés de lecture, quelques monologues étonnant de personnages excentriques, et un humour  parfois assez abstrait.