Suite au succès du roman La Vénus à la fourrure, ouvrage célèbre ou notoire de 1870 de Léopold von Sacher-Masoch (1836-1895), le psychiatre Richard von Krafft-Ebing considérait le «masochisme» comme une déviation psychologique; à la contrariété de Sacher-Masoch lui-même. Quoi qu'il en soit, le concept de masochisme est maintenant pleinement établi. Cela nous rend curieux au sujet du travail original, car apparemment nous y trouverons le masochisme dans sa forme la plus pure. Ce n'est pas du tout une bande dessinée érotique, il y a un soupçon de philosophie culturelle à trouver et on peut le lire comme une étude de l'amour et de la luxure entre hommes et femmes, ou une étude de la part animal chez l'homme. C’est aussi une illustration de la bataille des sexes - l’équilibre des pouvoirs entre hommes et femmes joue un rôle important - mais c’est en fait une question secondaire.

L'ouvrage est avant tout le récit d’un fantasme (sexuel) dans lequel une jeune femme veut s'emparer du rôle de Wanda von Dunajev décrit dans le Vénus à la fourrure, le rôle de Séverin von Kusiemski étant bien sur tenu par Sacher-Masoch. La tension dans la nouvelle réside dans le paradoxe du masochisme, car en quoi le fait de souffrir dans une relation amoureuse peut-il être une expression de l’amour? En l’interprétant comme un jeu, il faut oublier que c’est un jeu. Mais où se termine le jeu ? Où sont les limites, car un jeu avec douleur comme enjeu existe par la grâce de repousser les limites (de douleur)? Cette courte histoire ne laisse aucune place à l'incompréhension : la mort ou la rupture de la relation. Jusque là, il y a le plaisir (anxieux). Et un soupçon de tendresse et de passants; si cela menace vraiment de dégénérer. Le dessin de Simon est assez proche des traits de la caricature.