Le cinéaste irano-américain Cyrus Nowrasteh s'est fait un nom à Hollywood avec des films sans complaisance qui lèvent le voile sur la corruption gouvernementale et les abus institutionnalisés. Sa cible ne se limite cependant jamais au gouvernement américain, et ceux qui tentent de cataloguer l'homme et ses films comme des porte-parole caustiques d'un côté ou l'autre de l'échiquier politique ou religieux, ont souvent du mal à empêcher leur argumentation de s'effondrer. Par exemple, il a été attaqué par les conservateurs pour son film de 2001, Panique à la Maison Blanche (The Day Reagan Was Shot). Et sa mini-série télévisée de 2006, Destination 11 Septembre (The Path to 9/11), a été condamnée par les libéraux en raison de son parti pris pour les conservateurs. Puis, en 2008, son film intitulé La Lapidation de Soraya M. (The Stoning of Soraya M.) a été condamné par le gouvernement iranien pour propagande, mais a finalement conduit à l'interdiction de la lapidation comme forme de châtiment en Iran. Bien sûr, toutes les parties avaient raison dans leur évaluation initiale des trois productions, mais toutes les trois se sont catégoriquement trompées dans leurs tentatives de cataloguer Nowrasteh comme jouant dans un camp ou dans l'autre. Il est le plus souvent un antagoniste à chances égales et n'hésite jamais à faire des films sur des sujets inconfortables dont personne n'aime parler. Cependant, Nowrasteh a rencontré des problèmes avec son dernier film, Infidel, qui s'inspire de l'histoire vraie d'un blogueur religieux kidnappé lors d'une conférence au Caire par des militants iraniens qui accusent le journaliste d'être un espion américain de la CIA. La brève description du film pourrait laisser penser que Nowrasteh s'aventure dans le monde palpitant de l'action et de l'espionnage. Mais le titre pourrait aussi laisser croire qu'il s'agit d'une sorte de réflexion sur le "choc des religions". Et on ne peut certainement pas reprocher à quiconque de prendre le film comme une attaque contre le régime iranien pour ses horribles violations des droits de l'homme. En fait, il est exact de dire qu'Infidel est tout cela à la fois. Et c'est là que réside le problème.

Dans la partie de l'histoire qui oppose le christianisme à la foi islamique, Jim Caviezel (La Passion du Christ) incarne Doug Rawlins, un blogueur religieux conservateur qui est invité à parler de sa foi lors d'une conférence au Caire, en Égypte. Sa femme Liz (Claudia Karvan, The Darkside), employée du département d'État américain, le supplie de ne pas y aller. Mais Doug est ce qu'il est et ne peut résister à l'occasion de partager ses idées sur Jésus-Christ, ce qui, naturellement, n'est pas bien vu par son public musulman. Dans la partie du film consacrée au thriller d'espionnage, de loin la plus passionnante, Doug est enlevé en Égypte et retenu en otage au Liban par des militants du Hezbollah iranien, où il est pris en charge par Ramzi (Hal Ozsan, NCIS : New Orleans), le responsable quelque peu sympathique mais finalement maléfique du groupe. Après avoir compris que le gouvernement américain ne s'intéresse pas au sauvetage de Doug, Liz se rend seule en Iran dans l'espoir de persuader les Iraniens de libérer son mari. Sur place, Liz découvre non seulement la corruption et l'extorsion au sein du gouvernement iranien, mais aussi une secte cachée de chrétiens iraniens qui risquent leur vie pour l'aider à retrouver son mari. Si cela ressemble à un thriller d'espionnage passionnant avec la mort et le danger à chaque coin de rue, c'est parce que c'est le cas... en grande partie. Mais Nowrasteh, qui écrit et réalise ici, ne parvient pas à se concentrer sur la meilleure partie de l'histoire et passe trop de temps à essayer d'en dire trop sur trop d'autres sujets. Le résultat est un méli-mélo de pensées et d'idées qui ne se fondent jamais dans un récit bien ficelé.