Inspiré des films d'action des années 1960-1970, Lowreader est une bande dessinée assez originale dans sa conception ... qui cache en réalité une continuité non dissimulée de la série Doggybags (Ankama) Elle rappelle en effet les magazines de comics américains, puisqu'elle comporte trois histoires sans aucun lien entre elles (et trois one shot qui plus est). Petite nouveauté toutefois, le corbeau Lazare fait un commentaire sur les histoires présentés et permet de relier les différents évenements. Ce quatrième tome nous offre les récits Bark, Beyond the Gate, Moun Lyanné. Bark (Akeussel) nous présente une histoire de champignons parasites que ne renierait pas The Last of Us et qui a un potentiel qui ne demande qu'à être développé. Beyond the Gate (Emmanuel Temps) nous permet de suivre une YouTubeuse dingue de paranormal dans une sorte de version moderne et actuelle du club des cinq, sous des faux airs de Vera et de la Mystère et Cie. Il y a même une fin alternative présente sur le poster en fin d'ouvrage ! Enfin Moun Lyanné (Run et Ludovic Chesnot) nous présente une enquête de police aux Antilles pendant la pandémie lié au Covid 19. Elle s'ancre entre dans un fait d'actualité bien précis et brode autour de croyances locales. Trois histoires tirées toutes trois d’histoires vraies. Point commun entre ces trois récits ? Proposé un dessin très stylisé, et des univers pour le moins noirs et violents. Le tout est très explicite, âmes sensibles s'abstenir !

Réalisé par des auteurs différents, Lowreader est une très bonne surprise, et rappelle quelque peu le concept des cinémas Grindhouse, qui proposaient plusieurs productions sans lien logique à la suite (et pour le prix d'un billet seulement). Les amateurs du genre apprécieront c'est certain. Cela rappelle aussi les publications de EC Comics, une maison d’édition américaine qui a eu son heure de gloire au début des années 50 avec des parutions comme « The Crypt of terror », « Mad » ou encore « Weird Science » avant d’être condamnée par la censure de la Comics Code Authority. Mais l’intérêt de Lowreader, c’est de marier à la fois des histoires très rétro comme d’autres plus actuelles. L’audace du projet dans ses partis pris n’est pas que graphique ou thématique, mais aussi dans les collaborations entre scénariste(s) et illustrateur(s). Les récits sont entrecoupés d’articles, de billets d’humeur voire de fausses pubs qui viennent rythmer l’anthologie. Il y a même une nouvelle inédite de Tanguy Mandias à la fin de l'album.  Pour ce quatrième tome, Run et son équipe se sont particulièrement penchés sur les problèmes sociétaux. Toujours aussi percutant dans son approche, "enlever la poutre de son œil et non la paille du voisin".