L'île du crâne (Groosham Grange) suit trois marginaux, David, Jill et Jeffrey, à leur arrivée dans leur nouveau pensionnat sur l'île des Skrulls, où ils sont obligés de signer un livre avec leur propre sang ; les professeurs semblent être des loups-garous, des vampires et des sorcières ; et tous les autres élèves se comportent étrangement bien, portent la même bague mystérieuse et disparaissent la nuit. Il s'avère que les enfants ont tous un point commun : ils sont le septième fils du septième fils (ou, dans le cas de Jill, de la septième fille) et, le jour de leur treizième anniversaire, ils devront choisir entre rejoindre l'école ou mourir.

Tous ces ingrédients effrayants se sont ajoutés à une lecture délicieuse. Certains de ces traits d'humour noir sont assez proches de l'os, avec des représentations de la violence domestique et de la maltraitance des enfants ; c'est une main habile qui peut réussir cela et Horowitz le fait avec aplomb (à la Roald Dahl), en le transformant en une satire exagérée de la vie moderne, presque à la manière de Grand Guignol. Horowitz montre bien l'écart d'âge (ou dans ce cas, le vide d'âge) perpétué par les parents des personnages centraux, qui imposent leurs valeurs, leurs idéaux et leurs rêves à la génération suivante sans chercher à savoir ce que veulent réellement leurs enfants. David supporte avec apathie la vie de famille à Wiernotta Mews, mais se rebelle à Groosham Grange, se battant pour ce qu'il pense être sa vie et son âme ; mais son âme risquait d'être perdue bien avant. Ce ne sont pas les fantômes, les goules et les vampires qui auraient dû l'effrayer, mais les banquiers, les prêtres et les couples mariés d'âge moyen.